L'histoire :
Comme son nom l’indique, Villevermine est une ville corrodée par la rouille et la vermine, signes ostensibles d’une grandeur industrielle passée. Mais cette ville s’apprête à subir une terrible catastrophe. En effet, dans une usine désaffectée, Joshua Maeterlink, une sorte de savant fou, est en train de « nourrir » une créature géante organique avec des millions d’insectes réduits en purée, dans l’objectif de fusionner avec elle et de dominer le monde. Une famille mafieuse, les frères Monk, lui fournissent la « matière première », c’est-à-dire les insectes volants que chassent pour eux des enfants des quartiers, dont le petit Rudy. Dans ce contexte, Jacques Peuplier, détective spécialisé dans les objets perdus, vient de ramener Christina Monk à sa famille – elle avait été enlevée par Joshua Maeterlink. Il est revenu de cette mission blessé et surtout, en ayant perdu son super pouvoir, celui de discuter avec n’importe quel objet. Une fois requinqué, il décide de remonter jusqu’à Maeterlink pour qu’il lui remette cet « organe » essentiel qu’il lui a amputé, lors d’une opération chirurgicale. Cela commence par retrouver le petit Rudy, dans un quartier dominé par les mômes des rues. Jacques y est rapidement capturé et découvre le « mur de la règle »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Par son ton de conte moderne urbain, son dynamisme et sa progression imprévisible, le premier tome de Villevermine s’était avéré une excellente surprise, aussi divertissante que rafraîchissante. Il a d’ailleurs depuis lors été récompensé par le prix Fauve Polar SNCF au dernier festival d’Angoulême (2019). De nombreuses pistes – dont des fausses – de développement narratifs étaient possibles pour la suite… et ce second tome de 84 planches nous fait un immense plaisir en continuant sur les mêmes bases. Nous retrouvons donc Jacques Peuplier, brute bourrue et solitaire, qui a cette fois perdu son pouvoir de causer aux objets et compte tout faire pour le retrouver. Car à l’instar du hoquet, le brouhaha généré par cette capacité s’avère par moment agaçant, mais il lui manque terriblement quand il passe. L’aventure emprunte largement au registre fantastique, avec un large panel de référence, d’Amélie Poulain aux combats de monstres géants des mangas, en passant par Peter Pan… Mais elle trace surtout sa propre voie, à la fois en dehors des sentiers battus et pourtant d’accès grand-public par son ton, son dessin stylisé minutieux et ses personnages attachants. Le talentueux Julien Lambert confirme tout le talent entrevu dans Edwin (prix Raymond Leblanc 2014) et on déjà pressé de le suivre dans d’autres futurs projets !