L'histoire :
Alex le géant, la progéniture de Jo le géant qui a jadis terrorisé VilleVermine, trépasse de sa belle mort dans les égouts de la ville. Le doyen d’une secte de « fleuvistes » est à ses côtés pour ses derniers instants et lui promet de conserver son secret. Au même moment, se prépare en surface la grande « fête du géant », pour fêter les 50 ans de la disparition de Jo le géant. La fille du bucheron qui a jadis terrassé Jo a embauché Jacques Peuplier pour qu’il retrouve le merlin de son père. Cet outil, hache d’un côté et masse de l’autre, est tellement mythique qu’il a même un nom : « le Fendeur ». Jacques est un détective particulier : il peut parler avec les objets ! Ce qui lui confère un sacré atout car les objets, par essence inertes et nombreux, conservent la mémoire des éléments de leur entourage ! Ainsi une montre à gousset cassée dans un tunnel d’égouts indique à Jacques l’emplacement du Fendeur, sur un monticule de vase et de détritus. Jacques poursuit donc son exploration des égouts et trouve le merlin à l’endroit indiqué… juste à temps pour s’en servir pour contrer une attaque de géant ! Sam le géant est le fils d’Alex. Il vit reclus dans les égouts et les protège contre les « impuretés » venues d’en haut pour le compte des fleuvistes. Malgré sa force colossale, Sam est somme toute quelqu’un de raisonnable. Il laisse Jacques remonter à la surface avec le Fendeur, il l’accompagne même jusqu’à la sortie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le monde décalé de VilleVermine est décidément très vaste en aventures potentielles. Dans cet univers ultra urbain, métaphore dystopique et légèrement steampunkienne de notre société contemporaine industrielle, le détective héros peut parler aux objets (et lui seul !). Mais il y a aussi des géants, une secte d’indigents « fleuvistes » qui survit reclus dans les égouts, et encore bien des créatures improbables… C’est un peu à tout cela que se confronte Jacques Peuplier dans cette troisième aventure autonome, dont nous éviterons de révéler le propos central, pour ne rien divulgâcher. L’indépendance, la mélancolie, les rouflaquettes et les boucles d’oreilles de Peuplier lui confère un je-ne-sais-quoi de Corto Maltèse… Mais la comparaison s’arrête là. Dans le décorum des égouts de la ville, Peuplier perce le secret des géants et se confronte aux violents fleuvistes. Le tout est tantôt favorisé, tantôt commenté par les dialogues des objets, dont la gouaille souvent cynique est l’un des atouts de la série. L’autre atout, c’est ce dessin au traits tremblotants, aux proportions souples, à la colorisation grise et glauque, et pourtant d’une cohérence, d’un niveau de détails et d’un équilibre à nuls autres pareils. Cette griffe artistique est rafraichissante, vraiment originale et de mieux en mieux maîtrisée par Julien Lambert, auteur complet sur la série.