L'histoire :
Il est fini le temps où le caporal Cuninghan pouvait compter fleurette à sa jolie fiancée : comme bien d’autres avant elle, Stella a disparu de Fort Bond. Sac à main, boucle d’oreille, culotte et échelle posée contre le mur d’enceinte sont les seuls maigres indices de sa disparition. Pour le colonel qui dirige le camp militaire, il n’y a aucun doute : c’est un coup de ces satanés métèques, ces bouffeurs de chiens, ces glaires… les Apacheros (indiens extrêmement farceurs dotés d’un sens de l’humour très particulier et habiles à faire bien chier les Tuniques Bleues). Mais il a beau interroger (en salle de position désagréable) la vieille servante Dolorès, l’unique témoin, il n’a pas avancé d’un iota. Aussi, décide-t-il d’envoyer en terre indienne trois soldats volontaires. Volontaires… Enfin, tout au moins, ceux qui ont le moins bien répondu au fameux quizz qu’il utilise en pareil cas. Revêtus de somptueuses tenues de camouflages, voilà donc nos trois compères parés pour résoudre le mystère de cette bien étrange disparition…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si, appâtés par le gros titre qui orne la couverture, vous étiez venus chercher de la « ternitude » dans cet ouest à Apaches et Tuniques Bleues, vous vous êtes lourdement fourvoyés. La fête aux zygomatiques qui illumine de bout en bout cette lecture en est, en effet, la preuve absolue… Pour ce faire, Michel Galvin nous entraine au beau milieu du désert, dans un fort yankee entouré d’indiens et dans lequel la quasi totalité des femmes a disparu. Cette disparition de masse devient alors le point central du récit et des (més)aventures loufoques et décalées d’un trio de ces couillons de soldats (et c’est peut-être bien là l’unique raison de ce départ inexpliqué…). Nous voici donc rapidement mêlés à des histoires de cœurs, de fesses (de gym ?), de cocu, de sauts à la Jean Marais ou de légendes indiennes, en compagnie de nos militaires portants tutu, peau d’ours ou attirail du parfait légionnaire, pour mieux tromper l’ennemi. Au bout du compte, outre le bidonnage, une jolie petite leçon de féminisme nous aura été habilement distillée. Pour revisiter ce genre (le western) ultra-décliné, Michel Galvin use de toute l’artillerie humoristique avec beaucoup de talent : burlesque, absurde, anachronisme, running-gag… sont déclinés avec brio et servis par des dialogues d’une modernité particulièrement savoureuse. On pense alors, bien sûr, aux Monty Python, avec en plus une histoire qui retombe sur ses pieds. Graphiquement, l’ensemble peine à séduire d’emblais. Le choix est particulièrement original (décors minimalistes sur lesquels sont collés les personnages dans un rendu très photographique), mais il ne joue pas l’extrême lisibilité. Un petit bémol qui, grâce au dynamisme de la narration, se fait rapidement oublier.