L'histoire :
Mauvais vin, mauvais lit, mauvais réveil… Mattéo se lève, alors que sa femme et sa fille ont déjà quitté le domicile. Il ouvre une lettre qui le met en rogne immédiatement. La missive vient d’un de ses oncles italiens : Zia Flora, la sœur de sa mère, se meurt à l’hôpital d’Asiago et on lui demande de venir la voir une dernière fois. Le ton du courrier est un peu celui des reproches. Mais pour qui se prend-on pour lui faire la leçon ? D’accord, Mattéo n’a jamais vu sa tante plus d’une fois tous les 3 ou 4 ans. Est-ce sa faute à lui, s’il semble qu’elle n’ait vécu que pour ces maigres instants ? Et puis, lui, a eu bien d’autres chats à fouetter, qu’il n’a d’ailleurs pas fini de corriger : un genou en vrac, un chômage on ne peut plus persistant, le crédit de la maison, une femme qui ne le supporte plus et l’ami alcool qui s’invite trop souvent. Reste la salle de boxe pour s’évader de chez lui. La salle de boxe et les souvenirs d’enfance. Une enfance qui fut d’ailleurs bien plus violente qu’un direct en plein foie. Mattéo n’a en effet jamais bien compris pourquoi son père en avait tout le temps après lui. Mais aussi, pourquoi sa mère ne prenait jamais sa défense...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Flora, c’était sa tatie aimante à Mattéo. C’était la Zia des vacances italiennes, l’enveloppant de douceur, de rires et de coton sous un soleil estival réconfortant. De la chaleur, il en avait besoin, Mattéo. De tendresse, il s’en rassasiait pour oublier la violence de son père ou la passivité lâche et récurrente de sa maman. Aujourd’hui adulte, sa Zia se meurt, flétrie sur un lit blanc d’hôpital, tandis que lui dégringole – depuis déjà quelques temps – dans une bouteille de mauvais alcool sans fond. Une lettre, un voyage en Italie pour mettre ses doigts dans la paume de sa Zia Flora, quelques flashbacks en forme de souvenirs douloureux, permettront-ils à Mattéo de renaître (voire de naître) enfin ? Bercé par la volonté d’émouvoir et une belle dose d’humanisme, le récit proposé par Fred Paronuzzi (adapté de son roman La lettre de Flora, 2006) décortique les rouages d’une mécanique douloureuse construite sur un secret de famille. Très vite néanmoins, le lecteur habile en découvrira le fin mot, cherchant dès lors à se laisser seulement toucher par la partition sensible proposée. Cependant, la bascule émotionnelle se fait timidement et le personnage central peine à provoquer cette empathie, synonyme de totale adhésion au parcours de ses propres émotions. Cette forme de distance est d’ailleurs renforcée par un dessin bien cadré, capable d’élégance mais souvent altéré par une colorisation « agressive » et les propensions caricaturales de certains personnages. Reste les bonnes intentions et cette invitation à peser les dégâts du secret.