L'histoire :
Quelque part à Venise, à la nuit tombée, deux duellistes sont restés seuls dans une salle d'arme. Il s'agit du jeune Luca et de son grand-père, qui lui donne la leçon. Bien qu'à peine adolescent, Luca n'en est plus à apprendre les rudiments de l'escrime. Il se fend et touche, sous les encouragements de son aïeul. « Retour en garde. Mains en sixte, les jambes bien fléchies ». Les consignes sont claires et bien exécutées. « À mon signal... Battez quarte. Coup droit ! Plus vite ! ». Attaque, parade et finalement le grand-père touche, questionnant immédiatement le petit-fils : « Et ta riposte alors ? ». Mais la leçon est interrompue par une visite imprévue. Un homme à la mine peu affable vient réitérer avec insistance une proposition d'achat au vieux Maestro. Le vieil homme reconduit poliment mais fermement ce sinistre visiteur, qui le menace implicitement...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est une bande dessinée bien singulière que signe Dan Christensen. Ce n'est guère étonnant pour qui a lu un de ces bouquins, on pense entre autres à l'énigmatique Red Hands, un polar fantastique mettant en scène une drôle d'histoire de loup-garou. Ici, c'est un hommage qui est rendu à l'escrime, mais de façon assez surprenante. D'une part parce que le personnage principal, Luca Di Serafino, est éminemment antipathique. Champion de fleuret, courtisé par le cinéma afin de mettre au point la chorégraphie des films de cape et d'épées, il est juste imbuvable. Prétentieux, menteur et arrogant, il cache cependant des blessures à l'âme et un passé mystérieux qui se dévoile au fur et à mesure. D'autre part, le récit prend brutalement la tournure d'un thriller alors que jusque là, il se situait plutôt du côté du portrait psychologique. Riposte a donc pour lui l'originalité de sa trame et son rythme particulier, un lot appréciable de rebondissements et aussi la qualité de ses graphismes. Dan Christensen a en effet toujours développé une esthétique très pure. C'est un américain qui a grandi aux mamelles du Franco-Belge, ce qui le rapproche de la ligne claire, à laquelle il associe un grand dynamisme. Enfin, choisir des teintes gris-bleu plutôt qu'un strict Noir et Blanc s'avère judicieux. Et puis il y a l'honneur. Celui de ceux qui se battent en duel et perpétuent leur art du combat. Celui qui porte toute la dramaturgie. Celui qui permet d'affronter la mort. Pour conclure, si vous aimez les récits qui sortent des sentiers battus, Riposte vous fera rendre les armes.
