L'histoire :
Politiser l'anthropologie de la nature... où l'on se demande pourquoi il convient de dépasser la distinction moderne entre nature et culture. Dans leurs dialogues retranscrits, Philippe Descola et Alessandro Pignocchi dissertent sur la place de l'homme dans l'échiquier terrestre, le naturalisme, les dérives du capitalisme industriel et comment la politique s'est emparé de tout cela... Dans un futur que l'on imagine proche, une mère et son fils se retrouvent dans une sorte de musée avec le livre Ethnographies des mondes à venir disposé sur un présentoir. Ce livre a fait basculer le monde. Jusqu'à sa parution, la stratégie révolutionnaire des anthropologues de la Nature et des philosophes du vivant avait su rester sous les radars des pouvoirs publics. Un peu plus loin, les deux êtres se retrouvent face à un fragment d'une antenne 5G, retrouvée à plus de 120 m de son lieu d'exploitation... suite à un sabotage réalisé par des lecteurs de Descola ! Ce qui suscite l'admiration du jeune enfant. Ensuite, ils tombent nez à nez devant une maquette montrant un ancien lieu d'élevage d'animaux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'année dernière, il y a eu Le monde sans fin (miracle énergétique et dérive climatique) de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain. Cette année, Alessandro Pignocchi et Philippe Descola s'attèlent à la question du vivant avec un véritable titre de thèse : Ethnographies des mondes à venir. Entre les deux hommes, tout est parti d'une prise de contact... d'Alessandro Pignocchi. Celui-ci a rencontré Descola dans son bureau du laboratoire d'anthropologie sociale pour obtenir des indications qui lui permettraient de se rendre chez les Indiens Achuar vivant en Amazonie. De fil en aiguille, les deux hommes ont sympathisé en partageant leurs expériences. L'idée d'un ouvrage était née... Ethnographies des mondes à venir est d'emblée, dans sa forme, un ouvrage singulier par son approche. C'est une sorte de discussion dessinée entre Alessandro Pignocchi et Philippe Descola. Un chassé-croisé verbal passionné et passionnant ayant pour thème le monde du vivant entre deux férus défenseurs de la (vraie) nature. Ils s'interrogent sur les demains et les lendemains de notre chère Terre, face aux enjeux climatiques. Pour Pignocchi, proche des habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes où il a vécu, c'est l'occasion de faire part de son expérience, de ses convictions, de ses réflexions. Ça tombe bien, Philippe Descola, professeur au Collège de France, est dans le même courant de pensée. Ils sont unanimes : il va falloir transformer notre rapport au monde (nature, culture, État, économie) dans son ensemble, recomposer les relations entre les humains et les non-humains. Les échanges sont profonds et sérieux dans leur teneur comme dans leur nature. Les respirations graphiques de Descola donnent une dimension poétique et pleine de fantaisie. Cet ouvrage fait réfléchir et pourrait bien animer les débats pour vos repas en famille : le monde d'avant vs le monde d'après ? Pourquoi devrions-nous nous confronter... et si au bout compte, on était tous dans le même bateau ?
