L'histoire :
C’est jour de brainstorming à l’agence publicitaire où travaille Stéphane Chabert. Il s’agit de trouver le nouveau slogan pour la mayonnaise Amoros. Chacun y va de son talent en proposant des punchlines plus ou moins inspirées. Stéphane, lui, balance un slogan d’une affligeante banalité et s’attire comme toujours le mépris gêné de ses collègues. Encore une fois, il devra manger tout seul à la cantine. Encore une fois, il échouera à séduire Marie-Françoise qu’il s’arrange pour croiser le plus souvent possible à la photocopieuse. Bref, Stéphane est un gros looser et il en a conscience. Il aperçoit alors une affichette à la machine à café pour un séminaire de découverte des techniques vaudou. Tiens, tiens, tiens… Et s’il trouvait là un moyen de briser ses inhibitions et de briller en société ? Stéphane s’inscrit en douce au week-end vaudou, puis attend impatiemment que celui-ci arrive, afin que sa vie change. Enfin, le jour J, dans la clairière d’une forêt, il fait la connaissance du gourou Jean-Claude, qui propose aux participants de se présenter. Il y a ainsi René, qui fait des maquettes de Martina Navratilova en bâtons de surimi, Nicole dont le mari est parti avec sa prof d’aquamob… Le gourou Jean-Claude leur fait un topo sur le contenu du week-end, qui commencera par l’égorgement sanguinolent d’une douzaine de poulets vivants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne s’en était pas forcément aperçu, car jusqu’à présent ils n’évoluaient pas sur les mêmes supports comiques. Mais l’humour de l’auteur Fabcaro (de Zaï zaï zaï zaï, pour n’en citer qu’un) est étonnement proche de celui d’Erick Judor (auteur-acteur dans Platane, Problemos, La tour Montparnasse infernale…). Bref, ces deux-là étaient faits pour avancer d’un pas chacun de leur côté vers une œuvre de convergence propice. Ainsi nait ce roman-photo, dans lequel leur science commune des dialogues décalés et/ou absurdes et/ou régressifs se met au service d’un scénario jouissivement foutraque. Dans cette œuvre séquentielle photographique et non-dessinée posent tout un tas de figurants plus ou moins connus (dont Allison Wheeler, Arthur H, Hervé le Tellier, Lionel Abelanski…). Le personnage principal est celui d’un looser magnifique, une figure récurrente des œuvres autobiographiques de Fabcaro, mais aussi des séries d’Eric Judor. Ce dernier prend le taureau par les cornes pour devenir un winner, en suivant un stage de vaudou… et sa vie change effectivement radicalement. On vous laissera découvrir pourquoi « guacamole ». Evidemment, malgré les mimiques – somme toute contenues – des acteurs, l’effet zygomatique et le rythme gaguesque se heurtent violemment à la staticité inhérente au principe des romans-photos. Autant dans les œuvres de Fabcaro, le sens comique pince-sans-rire et absurde est magnifié par contraste avec le minimalisme de son dessin, autant ici il faut s’imaginer la voie débile de Judor pour profiter de la substantifique couillonnerie de ce petit ouvrage à couverture souple et au papier glacé.