L'histoire :
A l’âge de la puberté, Aqua sait que son corps change et que cette métamorphose est classique chez les jeunes filles de son âge… En théorie. Car les changements chez Aqua sont d’une toute autre nature : une longue nageoire dorsale commence à apparaître, ainsi de fines membranes derrière les mollets, les avant-bras, et elle a désormais comme des griffures dans le cou. Elle ne se sent bien que lorsqu’elle prend un bain et qu’elle boit des hectolitres d’eau chaque nuit ! Au collège, elle arrive encore à peu près à dissimuler sa différence auprès de ses amies, notamment en portant une épaisse écharpe et en enroulant ses membres de bandages. Mais elle se sent vraiment de plus en plus mal, avec des nausées dès qu’elle perd le contact avec l’eau. Elle demande régulièrement à consulter l’infirmière Beatrix, qu’elle met dans la confidence de sa mutation. Beatrix accepte de conserver le secret médical, mais jusqu’à un certain point, tout de même. Elle exige qu’Aqua parle de ses changements à ses parents. Mais Aqua refuse catégoriquement d’en parler, comme si c’était une honte. A la maison, d’ailleurs, Aqua ne veut plus manger de poisson cuit. En revanche, elle a un féroce appétit pour le poisson cru et encore sanglant ! un jour, au collège, elle prend la défense de sa copine Catherine qu’un garçon importune, et ce dernier lui arrache son écharpe. Il se moque alors de ses scarifications dans le cou…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’éditeur ne dit pas si Angela Vianello, artiste qui a collaboré avec Barbara Canepa sur Sky Doll, est affiliée à l’auteur italien Lele Vianello, qui a travaillé quant à lui aux côtés d’Hugo Pratt. Qu’importe. Voici éditée en version française Blue, la première œuvre de cette italienne, qui a fait un carton de l’autre côté des Alpes. Dans un contexte de légère anticipation – qui fait comme un curieux écho à notre époque covidée (il faut y porter des masques en raison d’une bactérie dans l’air) – on suit les mutations d’une jeune fille en train de devenir une créature aquatique. Allégorie de la puberté et du mal-être adolescent, le pitch ne révolutionne pas le genre fantastique. On attend surtout de savoir où l’autrice veut nous emmener, à partir de cette base légèrement convenue. Néanmoins, on profite pleinement de son style graphique parfaitement abouti. Dans un registre hybride et à l’aide d’un trait fin et précis, entre un réalisme expressif dérivé de l’école italienne et des parenthèses importées du manga, Vianello se concentre sur une héroïne prépondérante et toujours magnifiquement proportionnée, qui semble réellement gélatineuse. Elle transpire l’eau, tant par sa maigreur, son teint pâle, sa tignasse bleue, ses grands yeux romantiques… et les apparats dont elle se revêt à la fin amplifient encore cette sensation. Sur ce plan, l’influence de Sky Doll est proche, jusque sur la couverture.