L'histoire :
Comme celui de beaucoup de mère, le quotidien d'Alice ressemble à un marathon et une to-do-list interminable. Pas le temps pour les imprévus, elle assure sur tous les fronts. Elle est une admiratrice assumée de Laurent Delahousse et une néo-adepte de la marche suédoise, qu’elle pratique avec un groupe de copines. Elle contrôle son quotidien depuis la naissance de ses filles – des jumelles – où elle est devenue la reine de l’organisation. Ainsi, tout est planifié dans les moindre détails, sans s'autoriser le moindre écart... jusqu’au jour où, usée par le rythme acharné, elle décide de s’en foutre. Elle doit ce revirement à une prise de conscience et un petit coup de main du destin (peut-être). Un jour, lors d'un vide grenier, elle croise le chemin d’un être insolite qui va s’avérer être une personne décisive dans la transformation de la nouvelle Alice. Cette femme, aux allures de tata Irma dans sa roulotte, lui donne un T-shirt au message plus qu’explicite. Il y est écrit blanc sur noir un gros « fuck ». Inutile de faire la traduction. L’annonce est brève mais très claire. Dès qu’elle enfile son T-shirt, Alice devient une autre. Yoooouhhhouuuu vive le lâcher-prise et le je-m’en-foutisme jusqu’alors refoulé. C’est une première pour elle, elle parvient enfin à dire « non » sans culpabiliser. Son T-shirt, c’est dès lors un peu son costume de super Alice. Elle le porte dessus-dessous quand il est un peu sale pour ne pas éveiller les soupçons d’hygiène. Mais plusieurs jours après et quelques petits abus de fuck-thérapy, Alice décide d’abandonner son T-shirt. Et si, finalement, il lui avait juste fallu un coup de pouce pour voir l’évidence : on ne peut pas toujours tout contrôler. Parce que la vraie vie, c’est pas les Sim’s !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un trio est à l'origine de cet album drôle et pétillant. Fanny et Anne Sophie Lesage sont également les autrices de Celle qui a dit Fuck et Balance ta cape, paru aux éditions Solar. Elles écrivent au quotidien sur leur site internet Holi-me.com, elles sont « les Holis », deux adeptes qui s’amusent de la fuck-thérapy assumée. Pour leur toute première BD, le dessin a été confié à Léna Piroux, une jeune graphiste qui a déjà illustré leurs précédents livres. Son trait léger et épuré colle tout à fait à la thématique. Le titre fait un pied de nez astucieux au célèbre Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll. On note aussi la référence à Florence Foresti, maîtresse dans l’art du fuck et de la mauvaise mère assumée. A la lecture, on retrouve parfois le niveau d’exigence que l’on peut avoir envers soi-même, mais également envers sa progéniture. On veut tous être des parents parfaits et avoir des enfants bien élevés, exhiber que tout est beau et maîtrisé dans nos vies. Cette lecture « feel good » aide à déculpabiliser sur ce genre de petit travers de parents. La mauvaise mère, sur Instagram, a beaucoup plus de succès et de followers que la mère parfaite… Et il y a une raison évidente : la transgression est toujours beaucoup plus amusante ! Qui n’a pas un jour rêvé de tout envoyer valser ? Et puis, une femme parfaitement imparfaite est tellement plus belle... Non ?
