L'histoire :
En juin 1940, les défenses de la France ont été enfoncées par l’Allemagne nazie, dont l’armée est entrée dans la modernité, contrairement à l’armée française. Le président du gouvernement, Paul Reynaud, est pressé de toutes parts pour négocier un armistice avec l’ennemi. Sa compagne, notamment, est favorable au dépôt des armes, contre l’avis de son amant. Décidée, elle se rend chez le maréchal Pétain pour nouer une alliance avec lui, afin de faire céder son compagnon. Mais un accident de voiture lui enlève la vie… Dans un restaurant à quelques pas de là, le lieutenant Yvon Lagadec, soutient du général de Gaulle, se brouille définitivement avec son amiral de père qui tient des propos « munichois ». Excédé, il s’en va retrouver son amante, Marianne, franco-américaine passionnée d’aviation comme lui, et propriétaire d’un cinéma de quartier. Ensemble, ils partent rejoindre un ami pilote, Jules, à l’aéroport du Bourget. Au moment des retrouvailles, l’aéroport est bombardé par la Luftwaffe. Les allemands sont aux portes de Paris, qui est déclarée « ville ouverte ». Les amis décident de se diriger vers le sud, pour retrouver trace du gouvernement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Et si la France avait continué la guerre ? Si elle avait refusé la défaite et écarté Pétain ? Que ce serait-il passé et comment ce serait-ce passé ? Jean-Pierre Pécau, historien et spécialiste de l’uchronie (Empire, Le Grand Jeu, Jour J…) se penche sur la question pour livrer une BD de guerre emballante. Pour ce faire, il retrouve son compère de Là où Vivent les Morts, le serbe Jovan Ukropina, dont le dessin réaliste colle parfaitement au discours de Pécau et à son objectif uchronique. Les paysages sont beaux (douce France…) et les personnages ressemblants et assez vivants. Du coup, l’histoire se déroule, enivrante : la France perd vraiment la guerre, mais continue de se battre. Le gouvernement garde sauf l’honneur de la France, et de Gaulle est légitimé dans ses fonctions de premier rempart français contre les nazis. Léon Blum et Jean Zay restent aux responsabilités, comme Paul Reynaud… Yvon et Marianne, eux, sont les témoins privilégiés de cette version parallèle – petite histoire dans la grande Histoire. Elle est courage et effrontée en diable ; il a l’honneur dans le sens ; ils sont les reflets parfaits des Français qu’on aurait tous voulu être à ce moment-là, si l’Histoire avait été différente… Celle-ci, en tout cas, redonne du baume au cœur, de l’enthousiasme et de l’envie de se battre. On a envie d’y croire !