L'histoire :
Une nuit à Londres, dans la morgue, l’infirmière Alice Matheson maintient sur une table Susann Cross, une patiente atteinte d’un cancer de l’utérus et qui est en phase terminale. Elle lui enlève la vie et observe ses derniers instants, afin d’y retrouver un semblant de vie. La tâche effectuée, Alice range son matériel. Mais elle remarque que le corps de Susann bouge. Au départ, elle pense avoir fait un mauvais dosage des substances qu’elle lui a injectées... mais alors c'est étrange, car d'ordinaire, elle ne se trompe jamais. Susann se jette alors sur Alice et tente de la mordre. L’infirmière sociopathe lui sectionne alors la carotide... mais cela est sans effet. Elle utilise alors la perceuse et lui plante le foret dans le crâne. Susann s’écroule, définitivement morte. Alice se remet à peine de ses émotions qu’elle aperçoit les autres sacs funéraires qui se redressent. Peu après, à l’entrée des urgences, de nombreux patients arrivent suite à un accident de voiture. L’équipe médicale se met à pied d’œuvre mais très vite, un homme meurt. Celui-ci se relève quelques minutes plus tard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il n’y a pas que les artistes américains qui sont capables de proposer des œuvres de genre réussies et inspirées. La collection Anticipation des éditions Soleil nous l’a déjà prouvé avec la série Zombies ou 2021. Le scénariste Jean-Luc Istin s'est attaché ces dernières années au registre horrifique, avec notamment sa réinterprétation de La nuit des morts-vivants et son comics World War Wolves. Il n’y a donc rien d’étonnant à le voir s’épancher une fois de plus dans un univers sombre et violent. Alice Matheson propose un contexte légèrement différent de celui que l’on a pu lire jusqu’ici dans le 9ème art. L’héroïne, notamment, est une infirmière pas vraiment comme les autres. En effet, elle se complaît à tuer ses patients en phase terminale. En réalisant cet acte criminel, elle cherche à trouver un semblant de l’âme qui lui fait défaut. Cela fait évidemment penser au fameux Dexter, célèbre sociopathe de la série télé éponyme, mais la différence est que le cocktail se corse avec l’irruption de morts-vivants dans l’hôpital où l’héroïne exerce son activité. Cette invasion de zombies mêlée à un personnage principal quelque peu torturé apporte un supplément d’originalité bienvenu, à un registre qui sclérose bien souvent par son manque d’idées. Istin fait aussi le bon choix en termes de narration. Son récit est très dynamique et se découpe en plusieurs chapitres. L’influence des comics et des séries télé américaines a été parfaitement digérée. Aux dessins, le grand-public va pouvoir découvrir les talents de Philippe Vandaele (qui n’a rien à voir avec le journaliste Philippe Vandel) et que les fans de french comics ont déjà pu voir à l’œuvre sur la revue Hexagon Universe. L’artiste présente un trait réaliste bluffant, à la finition pour le moins impeccable. Les planches sont détaillées et les cadrages dynamiques. Ce premier album d’Alice Matheson dispose des qualités nécessaires pour convaincre les fans du genre. En plus, ils ne devraient pas attendre très longtemps, car le premier cycle est d’ores et déjà annoncé en 6 tomes. Les prochains opus seront illustrés par d’autres artistes chevronnés ou prometteurs. A suivre !