L'histoire :
Claire Kim est d'origine coréenne et elle n'est pas du genre à se cacher. La preuve : elle a les cheveux rouges vifs ! Elle travaille dans le restaurant de son père, un restaurant coréen, bien entendu. Son père est toujours stressé par le temps et la masse de travail, mais il a plutôt un bon poste. Pourtant, aujourd'hui, Claire angoisse un peu. Elle a rendez-vous chez le médecin pour savoir si elle peut avoir des enfants ou non. La nouvelle tombe : elle n'est pas stérile ! Elle revient, heureuse et soulagée. Elle achète une édition collector de Braveheart pour son petit frère Julien. Depuis qu'il a vu le film avec Mel Gibson, il s'est pris de passion pour l'Ecosse et rêve de devenir aussi fort et combattant que William Wallace. C'est tellement fort qu'il est même allé un jour à l'école en kilt, déguisé en son idole ! Malheureusement, tout le monde s'est moqué de lui, de son costume et de son embonpoint. C'est la dernière fois qu'il a amené ce costume. Il reçoit pourtant le cadeau avec joie. En apparence, cette famille semble heureuse. Pourtant, la maman de Claire et de Julien se fait beaucoup de soucis pour eux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jung revient avec un thème qui lui est cher : l'adoption. Après sa fameuse œuvre autobiographique (Couleur de peau : Miel) où il raconte son passé d'enfant adopté, Jung imagine aujourd'hui une fiction autour d'une coréenne qui apprend tardivement qu'elle a été adoptée. Le récit garde le même ton intimiste et profond, plein de sensibilité et d'émotions fortes. À travers le récit de cette famille qui se désunit à la mort de la mère, c'est toute une réflexion sur la quête de l'identité qui est amorcée. On retrouve, comme des clins d'œil, des passages qui ressemblent fortement à Couleur de peau : Miel. Ainsi, Julien vit à travers un autre personnage, comme Jung quand il était fan de héros de mangas ; la vision de la véritable mère qui erre comme un fantôme ; ou encore le terrible document d'adoption si froid et si impersonnel. L'histoire est superbement découpée pour mieux augmenter l'intensité de l'émotion et rappeler l'éclatement que peut ressentir un enfant adopté. On plonge toujours plus profond dans l'âme de cette touchante Claire qui tente de survivre tant bien que mal. Serait-ce une sorte de revanche sur la vie pour Jung, qui a perdu sa sœur, adoptée elle aussi, et morte tragiquement ? Ce récit plus adulte est aussi l'œuvre de la maturité graphique pour Jung. Le noir et blanc est toujours de rigueur, mais les traits sont moins caricaturaux et jouent moins sur l'humour. Le réalisme frôle la poésie avec de superbes aplats gris rehaussés par des touches de rouge vif. Le rouge des coquelicots, de la chevelure rebelle de Claire, de la souffrance intérieure mais aussi du feu de la vie. Car au-delà de la souffrance d'un parcours douloureux, cette nouvelle œuvre est aussi un superbe hymne à la vie.