L'histoire :
Tout débute dans une chambre nimbée de bleu, entre livres et drogue. Direction août 1986, avec une étrange apparition. Elle lui parle : « Réveille-toi Jean-Michel ! Jean-Michel ! Allez, debout ! ». Un an plus tard, il se fait renverser par une voiture. Ses parents le font hospitalier. Pour lui remonter le moral, ils lui offrent un livre sur le corps humain. Son regard s’agite de délectation lorsque les formes prennent vie. Une première influence dans son univers qui va s’épanouir en plein cœur de la pop culture. A la suite de l’internement de sa mère et de la colère du père, il va vivre dans la rue. Avec ses fantômes, il survit en volant et se droguant. Jusqu’à ce que les policiers l’arrêtent et que son père le libère de prison. Il l’inscrit dans une école alternative, la City as School qui repose sur trois piliers : liberté, confiance et responsabilité. Cependant, Basquiat ne suit pas les enseignements et n’en fait qu’à sa tête. La rue devient son royaume, où la pauvreté rime avec liberté... mais aussi drogue, sexe et plaisir. « Mais la vie était douce ». Tout change quand quelqu’un lui propose d’exposer son travail à Central Park. « Je suis un artiste ». Il quitte l’identité secrète et multiple de Samo pour devenir : Jean-Michel Basquiat. Sa renommé va débuter avec une rencontre. On lui fournit un endroit où peindre en Italie, puis à New-York. Les galeries s’arrachent ses toiles et son nom commence à être connu de tous. L’orgueil prend l’homme par les sentiments. Il perd la mesure de l’argent. « Mais tout ce succès ne t’apportait aucune satisfaction ». Cela lui permet de rencontrer de nouveau Andy Warhol avec qui il va collaborer jusqu'à sa disparition en 1987. « Ta vie est alors devenue surréaliste ». Impossible de planter ces racines quelque part ou auprès de quelqu’un. Les drogues deviennent les seules compagnes acceptables, même après la cure de désintoxication. « Jean-Michel Basquiat est décédé le 12 août 1988. Il avait 27 ans ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le genre biographique en bande dessinée est devenu un incontournable. Auteur, artiste, chanteur... tous prennent vie à travers des graphismes, au delà des mots. Jean-Michel Basquiat n'échappe à la règle et devient vivant le temps de quelques pages grâce à Julian Voloj et Soren Mosdal. Pour bien mettre le lecteur en condition, l'ouvrage débute avec une citation de l'artiste qui le définit assez bien. « Quand je travaille, je ne pense pas à l’art. J’essaie avant tout de penser à la vie ». Il faut dire qu’il a profité car entre drogue et sexe, la vie est passée à toute vitesse, comme une étoile filante. A peine arrive t-il au summum de la reconnaissance qu'il sombre très profondément. Les stupéfiants ont toujours été présents et avec le temps, ils deviennent plus forts et plus autodestructeurs. Un état d'esprit qui correspond assez à l'état d'esprit de l'époque, que l'on a nommé « l'Underground ». Est-ce que cela a vraiment changé de nos jours ? Sur son chemin, il a rencontré des gens comme lui pour qui l’art avait un sens tout autre. Le temps d’une soirée, d'une effervescence, d'un repas, d'une nuit, ils s'entourent de personnalités de l'époque comme Keith Haring, Klaus Nomi (contre ténor allemand), Fab 5 Freddy (graffeur, réalisateur), Kenny Scharf (artiste), Andy Warhol, Henry Geldzahler (conservateur)... Cette énergie et la folie qui touchait Jean-Michel Basquiat se ressent dans les illustrations de Soren Mosdal. D'ailleurs, c'est la résonance entre les mondes graphiques, l'audace des couleurs, les dessins fiévreux qui a porté les choix de Julian Voloj. L'angle graphique choisi est très intéressant avec l'intégration d'un totem aux traits primitifs, issus de l’imaginaire et d'hallucinations de l’artiste, comme étant vivant. Il peint des êtres qui peuplent sa réalité et avec qui il interagit. Un parti-pris original qui semble cohérent au vu de l'état psychique du peintre. Un combat entre démons intérieurs et la réalité qui se termine par une fusion des plus macabres.