L'histoire :
Au IIème siècle de notre ère, une légion romaine traverse un territoire vallonné de Caledonia (actuelle Ecosse). Il fait un froid de canard, un brouillard à couper au couteau, et ils se font donc surprendre par un éboulement provoqué par un clan de guerriers locaux en embuscade. L’affrontement est brutal et sanglant. Les romains se replient dans le petit fort qu’ils ont érigé sur ce territoire. Le bilan est mitigé : ils ont perdu 15 hommes, mais ils ont aussi fait prisonnière Leta, la fille de Galam, le chef du clan qui fait de leur conquête un enfer. Or Leta est dans un état critique, avec une flèche qui lui traverse l’abdomen. Le centurion romain exige de son soigneur qu’il redouble d’efforts pour la maintenir en vie. Leta a plus de valeur que n’importe lequel de ses hommes, étant donné qu’elle peut servir de monnaie d’échange pour négocier la paix. Dans le clan des caledonii, le brutal Cirig propose d’aller sauver Leta, lorsque son rival Fel avance qu’elle n’a pas besoin d’eux pour s’en sortir toute seule. Elle jugerait même insultant que son clan vienne à sa rescousse. Galam choisit en effet de la laisser se débrouiller et de réagir autrement : par un sacrifice humain aux dieux et par le recours à de puissants alliés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Caledonia » était le nom donné par l’empire romain au territoire qui correspond à l’actuelle Ecosse. Et ça tombe bien, car c’est bel et bien une légion romaine qui se trouve en couverture, totalement épouvantée face à une créature redoutable dont nous apercevons l’ombre… Bizarrement, cette couverture spoile un peu la toute dernière case de ce premier tome, qui retranscrit un épisode fictif de l’invasion de l’Ecosse par des romains conquérants – pour apporter la paix, bien entendu ! Bien organisés et sacrément courageux pour affronter le brouillard glacé et les autochtones sauvages de ces contrées, ils emprisonnent la fille d’un chef de clan, puis tentent de négocier. Mais surtout, à mi-album, ils se confrontent à deux bestioles totalement imaginaires – des sortes de varans-pitbulls de la taille d’un hippopotame adulte – qui fait basculer la série d’obédience jusqu’alors historique dans le registre fantastique. Alors bon, le recours à la fantasy mythologique semble éculé, avec des psychologies de personnages un peu stéréotypées, mais étant donné que c’est scénarisé par Corbeyran, qui est un cador de la narration, on se laisse tout de même divertir par cette agréable aventure. Surtout qu’elle est dessinée par la griffe semi-réaliste d’Emmanuel Despujol, plutôt bien documenté sur le plan des tenues guerrières romaines et du body-art écossais au IIème siècle après JC. Quelques morceaux de bravoure, des cases géantes de champs de bataille, font un effet bœuf. On vous proposerait bien de profiter de ce premier tome en dégustant un bon vieux malt tourbé… Ne faites pas ça, malheureux ! Ce serait anachronique : il faudra attendre 12 siècles pour qu’on invente le whisky en Caledonia.