L'histoire :
Garde du corps indépendant, Ercan Volkan escorte actuellement l’écrivain et conférencier Fabian Manossian. Celui-ci a fait de la lutte contre les fondamentalistes religieux sa priorité. Il anime justement une rencontre dans une grand librairie, sur le thème « Faut-il avoir peur du créationnisme » en lien avec son dernier bouquin « Où es-tu Darwin, ils sont devenus fous ». Mais à peine la conférence a-t-elle commencé, qu’un individu se dresse dans l’assistance, flingue à la main, et tire sur l’écrivain en hurlant à Dieu ! Trop tard pour que Volkan puisse l’empêcher de blesser Manossian. L’homme se jette alors à travers la baie vitrée et s’enfuit en volant un scooter. Malgré sa blessure, sur son lit d’hôpital, Manossian renouvelle sa confiance auprès de Volkan, lui demandant de mener l’enquête. Celui-ci passe un deal donnant-donnant avec les policiers en charge de l’enquête officielle. Il récupère le nom d’une jeune fille qui a pris des clichés avec son téléphone portable et qui se trouve justement être la propriétaire du scooter volé. Pendant ce temps, les membres de la clandestine organisation Cerbère, dont l’objet est justement la lutte contre les chrétiens fondamentalistes, font un point sur l’état de la situation…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les scénaristes Serge Carrère et Weissengel mettent en place un nouveau thriller traitant d’une problématique que l’on croyait marginale et révolue, jusqu’à l’arrivée d’un certain Georges Bush au pouvoir : le fondamentalisme chrétien. Dans une société française contemporaine ressemblant furieusement à la notre (mais dans lequel on écoute Europe-Inter et on suit les résultats de foot de l’Olympique de Paris), des groupuscules néo-fondamentalistes chrétiens commettent attentats et crimes religieux. L’extrémisme taliban adapté à notre société judéo-chrétienne, en quelques sortes ! Cet obscurantisme d’un autre âge nécessite alors la mise en place d’une organisation secrète de lutte, les fameux Cerbères du titre. Si le sujet semble a priori intéressant et profitable, sa mise en place est néanmoins alourdie d’aspects grand-guignolesques, qui retirent tout crédit de vraisemblance. Le mode de fonctionnement occulte des Cerbères (lunettes noires, rendez-vous secrets…) semble en effet tout droit sorti d’un roman d’espionnage de série B. Néanmoins, contrairement à bien d’autres thrillers hermétiques du registre, le récit est ici parfaitement limpide, en raison d’un rythme de développement lent et explicite. Cette fluidité narrative trouve son parallèle graphique dans le dessin réaliste de Serge Fino, des encrages aérés et fins, à la finition irrégulière. Sans doute l’excès d’accessibilité nuit-il aussi partiellement à l’ambition… Espérons que dans le prochain opus, les Cerbères démontrent toute leur dimension.