L'histoire :
Le commandant Edgar Achab, convalescent, est sur le chemin du « 36 » pour voir son frère William, accessoirement aussi grand patron de la police. Pour se « remettre dans le bain », il fait un détour par une scène de crime au bord du canal Saint Martin. Une jeune femme a ligoté son amant sur un banc public, avant de jeter le tout au fond de l’eau. Au même moment, la mère de Karim, le jeune coéquipier d’Achab, mourante, réclame à son fils de voir son patron. En effet, Achab était jadis très proche de son mari… Troublé, Achab rentre chez lui où il est rejoint par son frère. Une affaire hyper médiatique lui cause bien des tracas : le meurtre d’une starlette, Suzanne Merlin, alias Tosca. Arthur Matthieu, son amant et petit chanteur à la semaine, drogué notoire, avoue l’homicide, mais William est persuadé qu’il s’agit de faux aveux destinés à lui faire de la pub. Il montre à son frère une des raisons de ses doutes : une photo prise par un téléphone portable, accompagnée d’un mot innocentant Matthieu. William demande à Achab de lui venir en secours et de prendre l’affaire en main. C’est ainsi qu’Achab, joint au bec et clopinant, épaulé de son équipier Karim, s’immerge dans le milieu du showbiz parisien et de la presse à scandales pour débusquer le coupable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Né pour mourir, unanimement salué par les critiques et remarqué à Angoulême 2010, Stéphane Piatzszek et Stéphane Douay récidivent avec une seconde enquête de notre Maigret moderne. Original et volontairement décalé, le flic reprend du service afin de mieux débusquer les âmes et les instincts humains. Piatzszek, également scénariste de séries télévisées françaises (PJ ou Section de recherche), nous gratifie de dialogues truculents, cyniques à souhait. Parallèlement à l’enquête sur la mort de Tosca, les indices et repères se font plus nombreux et explicites quand au fil rouge intime de la série. Rappelons qu’Achab a volontairement assassiné le père de Karim, et ce dernier l’a sorti des archives pour en faire son nouvel équipier. Il essaye désespérément de retrouver sa baleine blanche (référence au roman de Melville), son passé. Mais Khadidja, la mère de Karim, entre en scène et apporte quelques révélations… et questions ! Une fois de plus, ce second album s’articule sur cette double trame : enquête policière et passé d’Achab. Les dernières cases nous laissent dubitatifs sur les instincts, les traumatismes et la véritable personnalité d’Achab. Le tout est servi par le trait précis et élégant de Stéphane Douay (Cavales, Matière Fantôme), dans le ton, mais sur une moindre dextérité scénaristique. On regrettera cependant une résolution un peu trop prévisible de l’enquête policière, encore que les circonstances apportent davantage au personnage d’Achab. Une série à suivre de près…