L'histoire :
Au terme d’un très long voyage, une gigantesque flotte interstellaire de 400 000 humains répartis sur plusieurs vaisseaux, vient d’arriver à sa destination : l’exoplanète Enorus, à 30 milliards de km de la Terre, qu’ils sont sensés coloniser. Hélas, l’équipe de reconnaissance qui part explorer la surface d’Enorus a une drôle de surprise : l’atmosphère n’est absolument pas respirable. Trop d’argon, de dioxyde de carbone et à peine 1% de dioxygène… Un effet pervers de glaciation a irrémédiablement modifié l’atmosphère d’Enorus pendant le voyage des humains. De retour au poste de commande, l’amiral Murphy fait le point avec les scientifiques, Monsieur Hoffman et son vieil ami, le mécano Carpenter. Leurs ressources en carburant et la vétusté de leurs vaisseaux rendent clairement impossible de rejoindre toute autre planète habitable sans sacrifier un grand nombre de colons. Pour pérenniser l’humanité, ils vont devoir réunir une majorité de gens « indispensables » dans le plus solide de leurs transporteurs, l’Ontario, et prendre la tangente vers la planète habitable la plus proche. Or l’Ontario ne peut emporter que 50 000 personnes… ce qui signifie en abandonner 350 000 ! La survie de l’espèce et de la culture humaines passe par ce sacrifice. Et il est illusoire de réussir à « expliquer » cela aux colons. Alors ils décident de ne rien dire et de procéder néanmoins aux préparatifs et à la sélection des indispensables…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce cinquième volet de Conquêtes, les scénaristes Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry font honneur au registre SF de série B. Au terme d’un voyage interstellaire, les humains colonisateurs se retrouvent dans un cul-de-sac tragique : la planète convoitée n’est pas habitable. Damned. Et ils n’ont plus trop de carburant pour aller ailleurs. Re-damned. Or face à cette problématique, ils réagissent comme de gros archétypes caricaturaux et manipulateurs. Ils décident de zigouiller 85% des leurs et de ne sauver que 15% les plus « indispensables », bien entendu sans prévenir personne. Reste à définir ceux qui sont indispensables… L’intrigue se muscle lorsque l’info fuite, lorsqu’un mécano prépare de son côté un plan C, puis lorsqu’un convoi coréen vient à passer par là… Si l’on accepte le postulat de la bourrinitude, ainsi que les incohérences (ex : le convoi coréen qui passe providentiellement dans ce coin du cosmos, à 30 milliards de km de la Terre), on passe tout de même, finalement, un bon moment de divertissement. La totalité de l’intrigue se déroule à bord des vaisseaux, ou dans le cosmos aux abords de la planète Enorus, avec des ballets de batailles galactiques façon Star Wars. La plus-value vient assurément du visuel, car le dessin de Stéphane Crety est (comme toujours) chiadé, surtout en ce qui concerne les vaisseaux (intérieur et extérieur) et les tronches toujours graves des protagonistes en gros plans. Il est minutieusement complété par la colorisation d’Olivier Héban, globalement imbibés des tons bleus-nuit qui siéent au cosmos.