L'histoire :
En novembre 1812, la campagne de Russie napoléonienne s’avère être un désastre. Alors que quelques milliers de soldats survivants de la grande armée traversent tant bien que mal le fleuve Bérézina, un prêtre déchu, Marc d’Arbo, entreprend de réunir une équipe de choc, tous déserteurs, pour piller un trésor. En effet, d’après un manuscrit qu’il a recopié dans sa jeunesse, à partir du légendaire Corpus Hermeticum, ils se trouvent à cette étape de leur retraite, à quelques lieux d’un château Moldave, qui a amassé au cours des siècles une fortune colossale. L’objectif de pillage n’est pas des plus engageants : selon la légende, cette famille de seigneurs sanguinaires aurait découvert la jeunesse éternelle et s’abreuverait de sang humain. En plus du prêtre, 6 hommes et une cuisinière acceptent pourtant de se lancer dans l’aventure, attirés par l’appât du gain. Après plusieurs jours de route, ils doivent affronter une meute de loups blancs géants et un ours terrifiant, qu’on a doté de prothèses de griffes en métal ! Enfin, ils arrivent au village au pied du château et se posent une nuit dans une auberge avant de passer à l’action. Ils aperçoivent alors par la fenêtre le seigneur et sa troupe, en une chevauchée particulièrement angoissante, qui partent en chasse nocturne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le concept de la série propose des one-shots se déroulant à des époques variées, toujours réalisé par des auteurs différentes, et dont les protagonistes tournent autour de l’ésotérique et chimérique Corpus Hermeticum – un grimoire qui contiendrait toutes les connaissances cachées de l’Histoire humaine – sans jamais l’atteindre. Pour cette quatrième intrigue indépendante, Nicolas Tackian, directeur de la collection Terres secrètes, a confié les clés à un duo inédit dans le paysage bédéphile franco-belge. Le scénariste Mikis est en effet un transfuge du 7e art, au sein duquel il a réalisé moult clips, pubs, courts et longs métrages. Le dessinateur argentin Enrique Alcatena a lui beaucoup œuvré pour des éditeurs de comics américains, mais il n’a encore jamais été édité en France. Son trait réaliste est certes un peu « épais » et sombre (ça tombe bien, vu le contexte), mais il prouve ici une belle maîtrise de son sujet, proportions et cadrages impeccables, au sein d’un découpage dense, en grand format. Certaines séquences sont plus réussies (l’opération « commando » au château) que d’autres (le palabre dans l’auberge sur fond de lambris). Mais globalement, cette histoire de vampires, qui s’éloigne cette fois grandement de la recherche pure de l’ouvrage mystique, est assez accrocheuse. Sans être d’une folle originalité, la quête et ses dangers sont clairement exposés et développés, pour aboutir à l’efficacité frissonnante attendue par le lecteur. Cerise sur le gâteau, il faut attendre la toute dernière planche pour en découvrir le substantifique dénouement… Mordant !
