L'histoire :
Au Vatican, le cardinal Marchesi dirige un « cabinet noir », s’occupant de déceler et désamorcer toute menace susceptible de remettre en question les fondements de l’Eglise catholique. Ces derniers temps pour protéger son investigatrice, l’érudit et charmante Sofia, il a du faire appel à un tueur professionnel, Angelo Costanza, neveu d’un de ses amis de la mafia. Car la cellule est sur la piste d’un document mis à jour lors de fouilles sous Jérusalem : un évangile écrit de la main de Judas ! L’image de traître véhiculée depuis des siècles aurait été galvaudée : le disciple Iscariote, sans doute le plus fidèle, apporterait dans son manuscrit des éléments nouveaux sur la vie du Christ et le sens de son « message divin ». Bien entendu, Machesi, Angelo et Sofia ne sont pas seul sur le coup : alors qu’ils tentent de récupérer la relique, ils s’opposent à un commando armé high-tech lui aussi intéressé par le vol de ce document de « classe Alpha ». A priori, il s’agit d’une branche occulte de l’Eglise, descendant de l’ordre des Templiers. Nos héros parviennent néanmoins à sauver des flammes un morceau du parchemin et partent en Grèce pour le faire authentifier auprès d’un expert dans un monastère orthodoxe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La promo du Da vinci code en bouquin et au cinoche ne vous a pas rassasiés avec le genre « thriller ésotérique » ? Rassurez-vous, le 9e art vole à votre secours, avec moult intrigues empruntant ce genre de plus en plus galvaudé : Révélations, Le triangle secret, Le messager, Le troisième testament, INRI, Le linceul… et maintenant Cross-fire. Ici, le sérieux inhérent à ce type d’intrigue est compensé par un ton bon enfant, très « manga », notamment grâce au jeu lourdingue de drague qu’exerce Angelo sur Sofia. L’aventure scénarisée par Jean-Luc Sala est néanmoins dense, rythmée et palpitante. Le découpage est dynamique, les perspectives et les mouvements parfaitement adaptés, les couleurs informatiques explosives… Bref, du grand spectacle sur un genre qui a le vent en poupe. Certes, les scènes d’actions sont carrément irréalistes, notamment celle interminable autour du téléphérique, mais c’est au profit d’un pur divertissement. Comme une soupape, Pierre-Mony Chan relâche de temps en temps la méticulosité du dessin pour emprunter le style humoristique manga. On pense à Nicky Larson qui tiendrait le premier rôle d’un roman d’Umberto Eco. Au final, cette histoire se révèle l’une des meilleures en la matière : ni trop sérieuse, ni vide de sens. Elu meilleur album 2006 au festival des rencontres de Reims.