L'histoire :
Grâce aux plans d’une technologie extraterrestre de pointe, des crusaders humains ont été envoyés à 32 milliards d’années-lumière de la Terre. Ils y découvrent une prodigieuse colonne de fer, infrastructure métallique tendue entre deux astres. Et ils font connaissance avec les « émanants », leurs bienveillants instructeurs, qui les informent qu’une menace astrophysique pèse sur tous les mondes et tous les univers, fomentée par un ennemi puissant et insaisissable. Cet ennemi a d’ores et déjà activé une matrice énergétique, qui projette une sorte de trou noir géant, capable de réduire en cendres des civilisations entières. De faux astéroïdes – mais vrais vaisseaux espions – sont ainsi employés à détecter les milliards de planètes où la vie s’est développée, afin de soumettre ces mondes à la souveraineté de cet ennemi. A bord du crusader 5, dans le superamas de galaxies Abell 2744, la commandante Natalia Tarkovski se retrouve d’ailleurs face à une menace immédiate. Les largan propulsent en effet un « graine » de destruction totale. La seule solution qui s’impose aux humains est de tricher avec l’éthique et la physique en créant une onde de déformation du tissu temporel, le temps de la milliseconde de l’impact. Astucieuse, cette singularité jadis dénoncée par Einstein viole les protocoles admissibles, et ne sera sans doute pas sans conséquence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça se complique quelque peu, pour le lecteur, dans ce troisième tome de Crusaders. Fautes de bouches, les dialogues des aliens extravagants sont balancés dans des encadrés narratifs, la plupart du temps dé-corrélés des visuels par-dessus desquels ils s’affichent. Or étant donné que les concepts astrophysiques abordés par Christophe Bec sont de plus en plus pointus et « techniques », on s’y perd sur le comment du pourquoi. Dans ce 3ème opus, on se retrouve ainsi souvent face aux spectaculaires panoramas cosmiques de Leno Carvalho – qu’il s’agisse de phénomènes stellaires, de surfaces de planètes incroyables, d’infrastructures futuristes, ou d’aéropages aliens bigarrés et insectoïdes – qui satisfont assurément les mirettes des fans hardcore de science-fiction… mais sans trop comprendre à quoi ils correspondent par rapport à la narration de plus en plus hermétique. On comprend tout de même que les humains sont forcés de s’allier avec des extraterrestres plus « bienveillants » que les autres, pour éviter la destruction de l’univers. Le pire, c’est qu’au cours de cette trame ardue à pénétrer, Bec nous gratifie tout de même de démentiels concepts scientifiques, tels les Mystifs dont l’enveloppe charnelle est déformable et à « mémoire de forme » et qui arborent leurs milliers d’organes reproducteurs autour de leur cou… ou cette planète dix fois grosse comme notre Soleil, recouverte d’une fine pellicule rougeoyante de 2mm et qui s’avère être une espèce pensante à elle seule. Bref, c’est très imaginatif, beau, spectaculaire mais un peu imbitable...