L'histoire :
Mai 68. Jeune étudiant à la fac de Nanterre, un peu dilettante aussi, Daniel Cohn-Bendit n'en peut plus de l'immobilisme. Par accident, la carrière de DCB va prendre son envol le jour où le recteur de la fac de Nanterre refuse de laisser les garçons entrer dans le dortoir des filles. Les événements s'enchainent alors : grève à Nanterre, Sorbonne occupée, marées de manifs, intervention massive des CRS dans la rue sous des pluies de pavés. Un sauveur, un chevalier, Dany le Rouge ! Simple quidam, Dany va rapidement devenir l'homme de la situation, puis le plus détesté du pouvoir, De Gaulle allant même jusqu'à le faire kidnapper pour lui dire ses quatre vérités : comment un tel vaurien peut-il mettre un pays à feu et à sang? Symbole et héraut de la révolte bien malgré lui, Dany ne va pas comprendre grand chose aux événements : les communistes, les ouvriers, tous le renvoient dans ses vingt-deux. Des barricades du quartier Latin au parlement européen, de l'anarchiste libertaire au libertaire libéral, en passant par les élections présidentielles de 2012, voici l'ascension fulgurante de Dany le Rouge, lui qui a fini par se mettre au vert...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tramber, c'est sûr, a pris son pied à la confection de cette BD gaguesque mettant en scène Daniel Cohn-Bendit, fameux par sa faconde, ses coups de gueule et sa verve contestataire... Pivot et prétexte du récit, DCB apparaît ici sous un jour folklorique, avec en toile de fond quelques moments historiques : Dany, un peu par accident, deviendra coco libertaire en mai 68, grande figure de la politique européenne ensuite, et aura rencontré entre temps le terroriste Andreas Baader... Oui, l'auteur s'est fait plaisir sur ce coup-là en racontant l'ascension politique du « héros de son adolescence » : ça fleure bon la nostalgie, le vent de liberté, la grande épopée, la révolte. Le récit ne manque jamais de rythme, malgré des gags insistants ou redondants. Une question, toutefois : le plaisir qu'a pris l'auteur à faire cette BD sera-t-il proportionnel à celui du lecteur ? Car au-delà des nombreuses anecdotes historiques fantasmées, ce personnage politique est-il suffisamment charismatique ou intéressant pour tenir en haleine sur 70 pages ? Pas sûr et à vrai dire, l'ensemble est si dense qu'il en devient longuet. L'enchaînement des gags ne nous arrache alors qu'un sourire convenu de temps à autre, guère plus. Les scènes ne sont jamais mauvaises, mais tout juste drôles et attendues, elles peinent à nous captiver. Assez anecdotique et vite oubliée, la BD propose au final un humour académique pour un ensemble pas franchement passionnant. Il paraît que François Hollande sera la prochaine cible... mouais.