L'histoire :
A la mort de sa mère, après avoir hérité d’un manoir en ruines, Germain Maltret est confronté à plusieurs phénomènes occultes. D’une part, il aperçoit parfois un sosie de lui-même qui le provoque du regard et fuit dès qu’il s’en approche. D’autre part, il ressent le besoin de venir en aide à une jeune femme mélancolique et seule, comme perdue dans ce monde, Nelly. Avec l’aide de Franek, un ancien voyant défiguré, Germain se met à comprendre ce qui lui arrive. D’abord, Franek lui annonce que lui-même est mort dans l’incendie de sa maison et qu’il possède désormais son propre corps. Ensuite, il lui explique que Nelly est également un fantôme, visiblement très perturbé, et qu’il va falloir l’aider à trouver le repos éternel. Or pour le moment, Germain a quelques déboires avec les assurances, qui veulent comprendre comment son manoir a pu être rasé par un volcan éteint. Il est également suspecté par la police d’être à l’origine de l’enlèvement d’une jeune femme : sa plaque d’immatriculation le désigne directement. Après une tentative d’interpellation musclée, Germain prend la fuite. Une course poursuite en voiture s’engage alors, en bordure de falaise, avec une issue tragique… De son côté, Franek fait de sacrées découvertes sur les origines de ce Maltret…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Petit rappel de définition : un « doppelgänger » est un phénomène paranormal effectivement répertorié, mais encore très peu usité et employé dans les fictions de tous poils. Il consiste à observer un dédoublement fantomatique de soi-même, ce qui équivaut à de la bilocation ou à un pouvoir d’ubiquité. Au terme du premier tome, nous avions abandonné notre petite clique de personnages marginaux en plein embrouillamini ésotérique. L’un était hanté par son double, un volcan techniquement éteint rasait soudain son manoir, une jeune femme découvrait qu’elle était un fantôme… On n’était pas très loin des mauvaises heures de la collection Loge noire de Glénat. Avec un casting d’auteurs aussi expérimenté et en pleine force de ses capacités – Eric Corbeyran au scénario et Christophe Bec pour le dessin – il fallait s’attendre à ce que ce second tome mette en cohérence tous ces phénomènes. Ça ne manque pas : vous aurez dans cette conclusion des explications complètes et logiques, à défaut d’être cartésiennes. Quelques légères invraisemblances parsèment encore la trame, mais au moins obtient-on une histoire terminée et « recevable » du point de vue narratif. On regrettera certes que le mode de production de Bec (il dessine d’après des clichés de ses amis) exprime si peu de dynamisme, mais c’est là la Bec’s touch, ultra réaliste et figée, peut-être plus percutante pour les huis-clos d’horreur ténébreux (comme Sanctuaire) que dans un décorum rural et ésotérique comme celui-ci…