L'histoire :
Eco est la fille unique des époux Schaklebott, un couple richissime qui doit sa fortune à ses inégalables talents de couturiers. Le pays entier s’arrache les créations Schaklebott, mais la petite Eco subit le lourd tribut de ce succès : luxe, cadeau, confort outrancier ne peuvent remplacer la chaleur aimante d’un papa et d’une maman accaparés par leur passion. Pour attirer leur attention et occuper ses longues journées, la fillette s’efforce d’imiter leurs créations. Mais l’art de la couture ne semble pas lui avoir été transmis pour le plus grand malheur de ses parents. Pourtant, un soir, Eco se sent revivre doublement : son père lui prête enfin un peu attention et lui propose de participer à l’entreprise familiale. Il lui demande en effet de faire une livraison de la plus haute importance : le ministre en personne a commandé, pour l’anniversaire de sa fille, 3 somptueuses petites poupées. Néanmoins, cette nuit de décembre, sous les traits d’une mendiante et de son bébé famélique, le destin teste sa bonté : Eco ne peut empêcher son cœur de parler, pour offrir la boîte nacrée et les poupées qu’elle contient, à celles qui en ont le plus besoin. La pauvresse, en échange, lui remet un bulbe de cactus, un cocon, un morceau de silex et une petite noix. Persuadée qu’elle vient de croiser le chemin de la princesse des nuages, femme de magicien, Eco pense que ces présents sont des joyaux que ses parents adoreront. Mais le destin est un cruel farceur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Issu de la collection Métamorphose, ce récit prévu en 3 parties emplit impeccablement la mission confiée : osciller doucement entre livre jeunesse et roman graphique, pour un conte digne de ceux susurrés par nos grands-mères, au bord du lit ou au coin du feu. En ne s’embarrassant ni de cases, ni de phylactères, Guillaume Bianco reprend sciemment les mécanismes utilisés par maîtres Grimm, Perrault ou Andersen, pour un récit dans lequel il fait convoler en justes noces cruauté dérangeante et poétique féerie. Rapidement attachés à ce bout de petite fille, il ne nous faut pas longtemps pour faire du sort qui lui est réservé un profond sujet d’empathie. Très subtilement, comme savent le faire les meilleurs contes, chacun, des plus petits aux plus grands, pourra aussi trouver dans la symbolique employée par Guillaume Bianco moult orientations. Retenons pour notre part la jolie métaphore utilisée pour décrire l’entrée de la fillette dans l’adolescence. Les prochains tomes, quant à eux, nous promettent de décrire d’autres périodes de sa vie. Outre sa richesse littéraire, l’ouvrage offre l’intérêt d’un graphisme hypnotisant, plus proche de l’illustration que de la BD classique, qui prend une place à part entière dans le jeu émotionnel du récit : de vrais petits tableaux lumineux, subtilement colorés, jouant avec les ombres et les clairs-obscurs, passant rapidement des décors les plus complexes aux plus dénudés, pour asseoir la force des sensations suggérées par le contexte du conte. Un travail complet, de la narration au trait, qui laisse augurer le meilleur et suscite inévitablement l’impatience.