L'histoire :
Edgard Whitman est un jeune architecte, dont le parcours à venir semble très prometteur. Il vient d'ailleurs de recevoir le grand prix du grand concours d'architecture. Sa maquette est exposée, et les gens viennent le saluer pour ses idées. Edgard avance que ce n'est qu'une réinterprétation d'un monument antique, qu'il a remis au goût du jour, en ajoutant de la modernité et un charme américain. Une femme richement parée s'approche de la maquette, et commence à la commenter. Elle connaît cette inspiration, mais elle n'est pas convaincue, et avance quelques reproches sur cette œuvre. L'homme qui l'accompagne indique à Edgard qu'il peut faire confiance à ces remarques : Madame Vassilian, épouse du célèbre homme d'affaires qui détient l'Empire Falls Building, a un regard aiguisé. D'ailleurs, son mari recherche un architecte pour ce nouvel hôtel, et la proposition est avancée à Edgard. Le jeune homme accepte : il se sent honoré, et en même temps, c'est beaucoup trop pour lui ! Alors il part pour l'Empire. D'autres architectes sont passés avant lui, chacun y laissant sa touche personnelle. Immergé dans cet environnement, il devra trouver l'idée qui plaira à Mr Vassilian.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette BD est le dernier-né de la collection Noctambule de chez Soleil, signée Jean-Christophe Deveney (Géante histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté, Murakami le septième homme, Niala) et Tommy Redolfi (Holy wood, Rayban dog). Nous plongeons ici dans un univers singulier, où l'étrange occupe une place de choix, se mélangeant étroitement avec les thématiques de l'art, de la création, de l'architecture. Un jeune architecte va se retrouver propulsé sur un projet de taille, pour lequel il doit proposer quelque chose de novateur. Mais il n'arrive pas à se renouveler, se cantonne uniquement à ce qu'il connaît, et fait chou blanc. Cette expérience va le pousser à se dépasser, à prendre de nouvelles directions artistiques, à oser. Le scénario se déroule dans ce grand hôtel, toujours bondé de touristes, que l'on voit très peu et qui, de notre point de vue, semble presque hanté, malsain, parfois effrayant. Les illustrations viennent soutenir cette ambiance étrange. Les teintes sont sombres : les bruns et noirs sont majoritaires dans la colorisation. Les personnages ont un aspect dérangeant, avec des yeux qui semblent vides. C'est déstabilisant et fascinant à la fois. Le format, tout en verticalité, accompagne cette idée de grandeur et de démesure du bâtiment, et met en avant la difficulté de l'architecte face à cette tâche considérable, infranchissable. Cet album étrange devrait plaire aux amateurs d'ambiances sombres à la Tim Burton ou à la Benjamin Lacombe.