L'histoire :
Leude Tia est en fuite avec Véhir le grogne pour découvrir le pays des Dieux humains. La très convoitée femme-louve, recherchée par le seigneur H'Will qu'elle devait épouser, a quitté les siens pour un destin qui la dépasse. Elle croit que les anciens Dieux ont laissé un héritage, qu'elle pourra le découvrir, et qu'il apportera un savoir nouveau à son monde où les clans s'affrontent. Tia voit par-delà les apparences, dépasse la forme des visages des créatures animales qui révèlent leurs origines et les séparent en autant de tribus opposées. Chaque étape du périple des deux compagnons les oblige à se confronter à l'incompréhension, la violence, l'agressivité. Mais ils disposent d'une volonté de fer, savent se défendre et rassembler autour d'eux des alliés de circonstance. Lors d'une étape dans un village de glousses, créatures aux têtes de poules, ils doivent fuir au milieu de la nuit pour échapper aux oiseaux-espions envoyés par H'Will. Accompagnés de Ruogno le rogne, ils vont chercher à rejoindre une caravane pour traverser le royaume d'Ophü. A l'horizon, le halo lumineux des arbres torches, que seuls les dieux humains ont un jour pu créer, illumine le soir.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un ronge, mi-homme mi-rongeur dont le visage trahit la ruse et la complexité, les magnifiques vallées qui conduisent vers le grand centre... La partition graphique d'Olivier Roman et de Stéphane Richard vaut à elle seule le voyage. Le duo dessinateur-coloriste nous emporte littéralement lorsqu'il donne vie aux paysages imaginés par Pierre Bordage. Et il franchit un pas narratif évident par rapport au premier album de la saga. De très belles plongées exigeantes et spectaculaires, des chariots qui avancent au milieu d'une foule bigarrée, ils nous en mettent plein la vue. Même si ce deuxième épisode n'est qu'un long périple vers un monde que l'on ignore encore, il enchaîne les péripéties et nous permet de nous familiariser avec ses personnages. Leurs visages en forme d'animaux, les tribus qui se suivent et s'opposent, même leur langue néo-médiévale nous semble plus compréhensible que dans la prise de contact initiale. On se prend à espérer plus de temps perdu, de contemplation et de soleils couchants sur cet univers riche inspiré d'un massif central imaginaire. On aimerait que Tia et Véhir se rapprochent un peu plus. On se demande quel est le rôle secret que Tia est censée jouer dans un plan de la génétie évoqué par les hurles. Bref, on commence à entrer dans l'univers foisonnant imaginé par l'auteur, adapté de son propre roman.