L'histoire :
En 1466, le balafré, poète et vagabond François « sans nom » cherche du boulot dans une petite ville portuaire. Il ignore que le féroce évêque Thibault d’Aussigny a lancé une traque de fer contre lui. Des soldats s’apprêtent à arrêter François lorsque, soudain, la jeune Félyzé sort de a cachette pour l’avertir. En deux lancés de couteaux bien ajustés, la gamine qui l’avait secrètement suivi, l’aide à prendre la fuite. Ils sont de nouveaux deux à devoir subsister. Or en cherchant à dérober de la nourriture dans le campement d’une troupe, ils se font coincer. Mais bien que très jeune, leur chef est clémente : elle se fait appeler « la nouvelle Jeanne », prétend parler à Dieu et leur propose de rejoindre ses rangs. En réalité, François et Félyzé n’ont guère d’autre choix. Jeanne mène une guerre sainte contre Thibault d’Aussigny et elle dirige sa troupe vers le fief de ce dernier : Orléans. Félyzé sent le piège gros comme une maison : ils vont se jeter dans la gueule du loup. Et celui-ci est d’une innommable cruauté. Mais impossible pour elle de se soustraire à la surveillance des cuisinières, pour lesquelles elle doit accomplir moult corvées. De son côté, François profite plutôt des bons auspices de Jeanne : la vierge Marie lui a parlé et lui a recommandé d’enfanter avec lui le nouveau Messie… Un prétexte pour coucher avec lui ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La bibliographie sélective et particulière des deux Sylvains scénaristes (Runberg et Ricard) impose le respect en page de garde. Cependant, ce récit en commun autour de la figure de François Villon – le poète et brigand François sans nom, c’est assurément lui – ne ressemble en rien à leurs « tons » habituels. Leur intention à travers cette série est d’imaginer ce qu’a pu être la vie de ce poète-brigand après qu’il a eu 31 ans, l’âge auquel la postérité perd totalement sa trace (1463). La dimension historique semble être respectée, dans le sens où François n’est pas franchement vertueux… donc pas franchement attachant (c’est la contrepartie). Il pille, trompe et tue, sans s’encombrer de scrupule. Dans ce second volet, il devient le jouet d’une ersatz de Jeanne d’Arc, persuadée d’être investie d’une mission divine à l’encontre de l’évêque d’Orléans Thibault d’Aussigny. Cet ennemi en soutane répond à un cliché : il est dépeint comme le plus abject des inquisiteurs. A défaut d’être tout à fait palpitante, cette aventure est toutefois plausible. A travers le dessin encré, de bonne facture quoique très académique, signé Marco Bianchini, l’épisode décrit et met en scène un moyen-âge parfaitement raccord avec l’image miséreuse qu’on en a aujourd’hui. Toutefois, il se présente comme un interlude et n’élucide toujours pas la mystérieuse vengeance que nourrit François à l’encontre des coquillards. Un troisième opus sera nécessaire pour en savoir plus à ce sujet…