L'histoire :
Cet automne là, Antoine Rio, un écrivain qui aime puiser le grand air breton, séjourne du coté d’Etel. Le temps est exceptionnel. D’une majesté unique, la mer offre à l'auteur une belle journée en mer pour se laisser fouetter par l’inspiration en compagnie d’un marin-pêcheur, Jean-René Guilcher. Rio est rapidement devenu son ami. Un peu plus, même, puisqu’il passe en secret ses matinées au lit avec sa femme, pendant que le bougre pêche la sardine. Cette après-midi là, Guilcher a décidé de conduire son ami jusqu’au bout de la terre s’il le veut. Il s’est bien assuré auparavant que Rio est déterminé à prendre l’océan, car le jour est particulier. C’est en effet jour de Toussaint, un moment où, si l’on en croit la légende, il ne fait pas bon mettre un marin sur l’eau. On dit notamment qu’à la Toussaint, les noyés montent à bord des bateaux. Et lorsque bientôt le vent stoppe sa rassurante mélodie, puis que la nuit tombe aussi vite qu’un cheval au galop. Les deux hommes paniquent jusqu’à en venir aux mains. Heureusement, la raison finit par l’emporter et les deux compagnons regagnent la terre sans encombre. Voilà en tout cas une nuit de sommeil bien méritée. Pourtant, au réveil, le matin suivant, une surprise bien plus étonnante les attend...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adaptation très libre – selon François Dubois himself – d’Histoire Funèbre, un récit d’Anatole Le Braz, Jusqu’au bout de la terre ouvre la nouvelle collection Contes de Bretagne. Celle-ci propose, entre autre, de regrouper au sein d’Histoires de Bretagne toutes les adaptations de l’écrivain breton. Et c’est exactement sous les atours d’un conte aux accents fantastiques et fouetté par les embruns armoricains que le récit nous embarque. Pour ce faire, un écrivain en mal d’inspiration, au début du XXéme siècle, du coté d’Etel (Morbihan), s’adjoint les services d’un pêcheur – qu’il a pris grand soin de cocufier – pour vivre une aventure surprenante en tous points. Visez un peu ! A la suite d’une virée nocturne mouvementée un soir de Toussaint (quelle idée aussi !), de retour au village, nos 2 compères se réveillent seuls de chez seuls… Mystères, légendes macabres, énigmes, tensions et rebondissements alimentent sans frémir un suspens parfaitement calibré. La voix-off, en particulier, métronome le tempo pour offrir au lecteur un conte envoutant. Les incursions fantastiques pimentent quant à elles justement la narration en enveloppant l’ensemble d’une note « légende celtique » parfaitement à propos. Enfin, les rapports entre les deux protagonistes et leur renversement forment une ficelle narrative joliment tirée. Seul regret : ce final un peu brutal qui, s’il permet de rationaliser et justifier le déroulement de l’intrigue, laisse un chouya sur sa faim. Au dessin, Sandro offre pour sa part une partition bien plus qu’honnête. Son travail reste certes de facture classique, mais il livre des planches impeccables, besogneuses, cadrées avec soin, se jouant habilement du mouvement et capables de dérouler une belle gamme d’émotions. De quoi ravir, en tout cas, sans conteste, les amateurs de contes fantastiques bretonisants… avec une petite surprise à la clef.