L'histoire :
Nevada, septembre 1888. Profitant d’un pique-nique champêtre en famille, Stephen Faulkner égorge sa femme, son fils. Puis le dément se jette sous un train. Cinq mois plus tard, à Londres, l’inspecteur de Scotland Yard Abberline peut s’enorgueillir d’avoir, semble-t-il, résolu l’affaire Jack l’éventreur. Depuis que le docteur Gull est mort et que Pizer, Netley et Foster ont été pendus, le célèbre serial-killer ne s’est en effet plus manifesté. De fait, la radicalité des méthodes d’Abberline prouve une certaine lassitude professionnelle… C’est alors qu’un confrère français, Ambroise Méridien, lui propose de traverser la Manche pour l’épauler dans l’étude des similitudes entre « le baron », un tueur en série parisien, et la furie sanguinaire de Jack. Abberline quitte donc Londres pour Paris et découvre à son arrivée, à Calais, qu’Ambroise est une femme – fort jolie d’ailleurs – et qu’elle n’est pas vraiment policière. Elle supplie tout de même Abberline de l’aider, car le Baron a tué sa sœur. Pendant ce temps, George, l’adjoint d’Abberline à Londres, fait une horrible découverte : le docteur Aclands s’est verrouillé dans sa cave, a avalé la clé, puis il s’est visiblement charcuté les entrailles au bistouri pour la récupérer… en vain. Tandis que son équipe examine la scène afin de corroborer la thèse de l’incroyable suicide, George fouille son bureau. Il reste stupéfait en découvrant un dossier appelé « Protocol Hypnos », dans lequel figure le nom du docteur Gull…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de ce diptyque nous avait confortablement installés dans un XIXème siècle londonien angoissant, et donc dans le registre idoine de la collection 1800 de Soleil. Comme l’exigeait le titre, le héros Abberline, inspecteur de police authentique de Scotland Yard, resserrait son étau autour du serial-killer Jack l’éventreur. L’hypothèse originale était avancée qu’il s’agissait d’une pathologie mentale et des exactions de groupe… et des coupables étaient trouvés et funestement châtiés. Rappelons que dans la réalité, l’identité de Jack est toujours restée un mystère. L’affaire aurait presque pu en rester là… si elle ne trouvait son origine futée dans ce tome 2, de l’autre côté de la Manche, avec plus d’un rebondissement sordide à la clé. Nous demeurons alors imprégné d’un registre « de genre », plutôt option série B – mais série B bien ficelée ! – vu le rocambolesque des rebondissements. Notamment, François Debois en vient cette fois à imputer le mythe de Jack l’éventreur à la figure célèbre du professeur Charcot, découvreur authentique de l’hypnose et de progrès neurologiques majeurs. Dans la fiction qui en est extrapolé, cela est tout à fait cohérent et fonctionne fort bien. Le scénariste ne se départit pas de scènes sanguinolentes et sordides, qui maintiennent le registre de l’épouvante à un bon niveau : un dément massacre sa famille (en ouverture), un médecin s’étripe en solo dans sa cave, le sang ruisselle sur les pavés détrempés et sur les visages furieux… Allergiques à l’hémoglobine, passez votre chemin. Ce répertoire convient surtout à merveille au dessin fortement encré de Jean-Charles Poupard, vraiment très réussi dans tous les compartiments du job. Des cases aux cadrages savants s’inscrivent dans un découpage rythmé ; quant à ses personnages expressifs, ils prennent place dans des décors majestueux et surtout au sein d’ambiances oppressantes. Du bien joli boulot…