L'histoire :
En l’an de grâce 777, alors que le Royaume des Francs est ravagé par la violence et les pillages, une délégation du gouverneur de Saragosse, missionnée par le calife Abbasside de Bagdad, vient demander audience au roi Karolus afin que ce dernier vienne lui prêter main forte contre l’émir de Cordoue, le dernier des Omeyyades. Alliance inattendue entre royaume chrétien et sarrasin, mais adoubée par le pape lui-même, qui devrait offrir au roi des Francs une grande partie des cités du Nord de l’Espagne, dont le royaume de Vasconie, si cher à Artza d’Ossau, condamné par le roi pour s’être enfui du monastère des brumes. Mais dans ce comté, la rébellion gronde contre les exactions des troupes du roi, et des hommes libres fomentent de retrouver le digne représentant de leur trône, contre Karolus. Fort de son invincibilité guerrière depuis 10 ans, ce dernier lève son armée à la conquête de l’opulente Al-Andalus et de ses riches terres, au-delà des Pyrénées. Alors, pour se faire des Vascons, de rudes rebelles païens, des alliés, le temps du passage de ses hommes, le roi Karl accepte la proposition de Brunhilde von Bruck, sa belle espionne saxonne, de libérer Artza d’Ossau afin d’en faire leur émissaire. Les troupes peuvent enfin se mettre en marche, sous le commandement du neveu du roi, Roland, comte de la Marche de Bretagne.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En revisitant juste ce qu’il faut le haut Moyen-âge et les carolingiens, les auteurs de Karolus Magnus offrent une réelle et agréable surprise. Car en partant de faits réels, que les connaisseurs n’auront aucun mal à anticiper, le scénariste Jean-Claude Bartoll assaisonne sa peinture historique d’un soupçon de fiction que ne renierait aucun historien. Et nous sommes bien loin du « bon vieux » Charlemagne, à la barbe florissante ou du comte Roland, tant chanté par les poètes médiévaux. Ici, les gueules de nos héros, magnifiées par le dessin de Eon, semblent plus tirées des bas-fonds de New York, que des films de Errol Flynn. Roland sent la brute épaisse à plein nez et Charlemagne le pervers et fourbe despote, ce qui nous change des images d’Epinal, maintes fois vues et revues. L’intrigue de ce premier opus nous emmène à la conquête de Saragosse, avec le cruel dilemme de cette verrue de terre vasconne posée en plein milieu du chemin. Entre alors en lisse notre (très certainement) futur héro, Artza d’Ossau, fier guerrier et fils légitime du seigneur Lupus. Au milieu de la véritable histoire du plus célèbre carolingien, il est donc difficile de démêler le vrai du faux, mais sans pour autant tomber dans les aberrations. Tout reste crédible, et l’on se délecte de cette aventure à suivre, avec un plaisir non dissimulé, surtout au vue des dessins, ultra modernes, tant dans les personnages, les décors ou les scènes d’action et de combat. De plus, quand la belle saxonne Brunhilde et la reine Fastrade se livrent à quelques « débauches » charnelles, on se dit qu’en fin de compte, l’époque n’était pas si barbare que cela.