L'histoire :
Le jour où le progrès technologique a permis à l’ensemble des chaines de télé d’être diffusées gratuitement dans le monde entier, un véritable krach s’est produit dans l’univers des médias. En effet, les règles du jeu dans le domaine de la publicité et des parts de marché ont été bouleversées. La mesure exacte de l’impact marketing est devenue primordiale. Comment calculer l’audience ? Quel organisme croire ? C’est ainsi qu’est né Médiapanel, un unique organisme indépendant placé sous contrôle du Conseil d’Etat, et dont les chiffres font foi. C’est dans cette société-là que Jean-François Kern, un étudiant en cinéma sans réelle ambition, est devenu testeur à mi-temps chez Mediapanel, pour assurer financièrement les besoins du quotidien. Sur ses courbes d’analyse, ses responsables s’aperçoivent un jour qu’il a un don incroyable : celui de suivre à la perfection, et de manière infaillible, les courbes de tous les types de public. Il est le téléspectateur universel, celui qui évite d’avoir à interroger à longueur de temps des panels représentatifs de plusieurs milliers de personnes ! Bref, à la fois une mine d’or… et une arme redoutable au service du populisme !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le monde que nous décrit Pierre-Yves Gabrion a beau être imaginaire, nous sommes ici dans une aventure d’anticipation tellement proche de nous, que cela pourrait être demain ! En effet, le « dictat » publicitaire et médiatique décrit par Gabrion existe déjà aujourd’hui. Par exemple, la chaîne française qui enregistre 95 des 100 meilleures audiences de l’année est également celle où il y a le plus de pubs (cette phrase est d’ailleurs le message d’une pub !). Sous le règne d’un pouvoir médiatique poussé à son paroxysme, Gabrion déroule un thriller hyper crédible, à cela près que le téléspectateur universel n’existe pas (enfin… a priori). Car la maîtrise de l’audience, entièrement incarnée dans le personnage central, s’avère effectivement une arme économique absolue ! Le résultat de ce premier épisode est crédible, réaliste, intelligent, dense, efficace et surtout terriblement alarmant. Ça fait du bien d’être bluffé par un scénario si pertinent et divertissant à la fois. Visuellement, Gabrion nous fait oublier qu’il a du patiemment réapprendre à dessiner suite à un grave accident : son trait juste et son style réaliste, évoluant dans des ambiances majoritairement renfermées et urbaines, s’avèrent idéals pour rendre la tension palpable. Une excellente surprise !