L'histoire :
La veille de Noël, l'avion courrier de Jean Mermoz et son mécanicien Alexandre Collenot sont échoués sur une plage du Brésil, moteur en panne. Les deux hommes savent que les secours vont arriver au petit matin, et décident de passer la soirée à parler de leurs exploits passés. Une caisse de champagne et une boîte de sardines vont leur donner l'occasion d'une conversation comme ils n'en ont jamais eue, facilitée par l'ivresse qui ne tarde pas. On découvre que Jean Mermoz n'a pas toujours été le pilote sûr de lui, le séducteur arrogant, le colosse bagarreur qui ont fait sa réputation. Il y eut le parcours difficile d'un jeune pilote de l'armée, sans travail dans les années 20, jusqu'à son embauche chez Latécoère. Ses premiers pas de mécanicien le firent patienter dans l'attente de s'illustrer dans les airs. Mais que ce soit lorsqu'il a survécu à la soif et au froid dans le désert syrien, ou au cœur des nuits glaciales de 1929 passées à tenter des réparations impossibles dans la cordillère des Andes, c'est toujours sa volonté hors du commun et son courage hors norme qui ont fait la différence. Jean Mermoz aurait dû mourir à de multiples reprises. Alors, même si quelques pilotes qui sont ses contemporains sont d'aussi grands virtuoses que lui, peu d'entre eux peuvent raconter autant d'exploits et se forger finalement une telle légende.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce nouveau volume de la série consacrée aux grands pionniers de l'aviation, c'est une nouvelle fois Jean Mermoz qui est à l'honneur. Il ne s'agit plus de ses premiers exploits, mais d'une série d'aventures qui ont construit sa réputation de pilote hors du commun. Christophe Bec a trouvé un angle original pour raconter ces faits d'armes au détour d'une conversation nocturne et de quelques bouteilles de champagne. Cela dit, la mécanique ne réserve pas de surprise et l'album reste une suite d'épisodes glorieux relatés les uns après les autres. L'angle de vue sur la personnalité plutôt agaçante de Mermoz apporte une touche d'originalité, et donne une peu de cachet à un exercice qui, sinon, ne comporte pas beaucoup d'enjeux. Sur le plan graphique, le travail de Bernard Khattou est ultra classique. Il est rendu rigide par la volonté de faire ressembler Mermoz aux photos que l'on a de lui, et par des couleurs informatiques vraiment lourdes. Les pages centrales relatant les exploits d'Hercule et dessinées par Niko Henrichon ne souffrent pas de ce cahier des charge, et sortent du lot, tant sur le plan de l'énergie rendue que des lumières magnifiques. Tout comme les quelques cases ou Khattou s'éclate visiblement avec un avion qui survole des paysages de montagne, fascinants et menaçants. Mais ces quelques moments de grâce ne suffisent pas à sortir cet album de l'exercice obligé qui rend sa lecture rapide et finalement peu marquante.