L'histoire :
En l’an 3125, un vaisseau colonisateur terrien s’approche de la l’exoplanète Glease 472, lorsque survient à bord une explosion d’origine inconnue. Les passagers sont dé-cryogénisés en urgence, mais le système d’ouverture de leurs bocaux amniotiques est détruit. Seuls deux d’entre eux, dans des quartiers séparés, ont la chance de pouvoir sortir par des brèches causées par les diverses explosions. Ils rejoignent à temps, individuellement, des navettes de secours, éjectées à destination de Glease 472. Blessé à la tempe, le technicien Elijah croit alors reconnaitre la terre et s’évanouit, sans entendre les appels radio de la doctoresse Selma. Les deux modules atterrissent alors en mode automatique en deux endroits de la planète : Selma dans l’océan et Elijah au milieu de ce qu’il croit être le Sahara. Réfugiée sur une île déserte, Selma est alors sauvée par le passage d’un gigantesque cuirassé « steamer » (bateau à aube). Elijah, lui, est dépossédé de ses affaires puis pris en taxi par un ferrailleur sympa, qui l’amène à la cité voisine de Tarrabia. Chemin faisant, il prend conscience qu’il n’est pas sur Terre, mais sur la planète Nysa, du système Libère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès le premier sourcil froncé ou la bouche féminine en cul-de-poule, on reconnaitrait ce coup de crayon entre mille : celui de Crisse ! Pourtant, le dessinateur de Kookaburra n’est ici que le « parrain » d’un jeune talent, Beno, dont le style graphique est largement inspiré par le maître (qui signe la préface). Un clin d’œil à Crisse est également présent sur le dessus d’un paquet de cigarettes (avec son vrai patronyme). Le jeune dessinateur, dont c’est ici le premier album, fait montre de bien jolies dispositions en la matière, même si on lui sent une marge de progression qu’on sera enthousiaste de suivre. L’histoire, quant à elle scénarisée par Serge Perrotin, propose en premier lieu un pitch plutôt sympa, s’appuyant sur quelque standards de la SF. A savoir, le naufrage indépendant de deux terriens sur une planète dont le développement a été similaire à celui de la terre. Tellement similaire, que ses habitants ressemblent trait pour trait aux terriens et surtout, qu’ils parlent scrupuleusement la même langue !! Cette dernière énorme facilité scénaristique acceptée, le récit se laisse suivre comme une bonne vieille aventure légendaire ou d’heroïc-fantasy, aux accents steampunk (le développement industriel relève de ce type de décorum), telle qu’il en fleurit énormément dans le PBF (paysage bédéphilesque franco-belge). Elijah, extraterrestre au milieu de ses semblables, partage dès lors les préoccupations politiques d’un peuple qui perd sa mémoire et qui est « pluggué » au niveau de la nuque…