L'histoire :
Après quelques semaines agitées au sein du palais de Versailles, Yann de Kermeur, alias l’épervier, a repris la mer en tant que commandant de sa frégate, la Méduse. Il a en effet le mérite d’être un patriote de confiance aux yeux du roi Louis XVI et d’avoir l’expérience nécessaire des périples maritimes pour s’affranchir d’une mission difficile : apporter une missive secrète au gouverneur du Canada, Monsieur de Beauharnais. Pour la sécurité de la mission, Yann a pour ordre de n’ouvrir ce pli cacheté qu’en présence du gouverneur, mais il comprend vite que l’information qu’elle contient doit être primordiale. Car dès son départ, il est poursuivi par deux bâtiments anglais, qu’il tient à distance en tirant régulièrement des salves de canon montés à l’arrière dans la grand’chambre. A son bord, se trouve aussi la princesse indienne Mali, à chaque instant entourée de deux gardes, l’interprète ecclésiastique Martin, le mystérieux ivrogne Villéon et l’officier allemand Wagner, prétentieux, qui ne lui cause que des soucis. Tandis que Yann met le cap sur Québec, en métropole Agnès se réveille en plein cauchemar. Sa servante lui raconte qu’elle a été droguée par le Marquis de Beaucourt, afin de la marier de force avec lui. Dans la foulée, il a même essayé de la violer pour la nuit de noce… mais elle a été sauvée par l’annonce de la mort imminente du père de Beaucourt. En prime, elle apprend une terrible vérité… et n’aura dès lors de cesse de fuir son scélérat mari.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Paru trois ans après le précédent volet, ce tome 9 prend sa suite directe, au sein d'un deuxième cycle plus tourné vers l'espionnage que le premier, mais toujours palpitant. Notre héros corsaire et espion du roi Louis XVI fait désormais route vers le Canada, chargé de porter une missive top-secrète au gouverneur de Québec. Tout comme le lecteur, que l’auteur Patrice Pellerin maintient cruellement dans le suspens en contenant des zones d’ombres, L’épervier ignore la complexité du piège qui lui est tendu. Il endure toutefois ses affres, ainsi que les caractères pénibles de certains de ses passagers… En alternance avec son périple maritime, lesdits complots s’ourdissent (avec le grand-guignolesque typique) depuis les bas-fonds de la métropole, ou se craignent depuis les salons royaux. Les décors sont riches et luxueux pour ces derniers, qui n’ont rien à envier aux gréements des navires, savants et détaillés comme toujours dans cette série. En ce sens, L’épervier se place dans une proche filiation avec les Passagers du vent de François Bourgeon, ce qui n'est pas la moindre des références. On pardonne volontiers à Pellerin les délais allongés entre chaque tome, si c’est pour bénéficier de cette qualité d’écriture et de dessin. Abordons enfin le troisième front narratif régulièrement alterné, revenant sur le triste destin d’Agnès, amoureuse du héros, qui se retrouve la proie d’un tout autre piège, aussi cruel. Vite, la suite ! Dans 3 ans ?