L'histoire :
En avril 1742, un marcheur solitaire va au bout de ses forces à travers les étendues neigeuses du Canada. Il parvient aux abords d’un fort français et s’effondre à ses portes, mortellement blessé par une flèche indienne. Le commandant et le médecin du fortin découvrent alors stupéfaits deux messages écrits sur son dos, dont un codé, signés du chevalier de Talmont, un espion au service du roi de France Louis XV. Il s’agit d’un SOS : il est urgent d’envoyer du renfort car les colonies sont menacées. En France, ayant reçu et déchiffré le morceau de peau tanné, le secrétaire d’état à la Marine loue auprès du roi les talents de Yann de Kermeur, actuel corsaire qui fait des ravages dans la flotte britannique. Louis XV convoque donc ce dernier à Versailles et mise sur le goût de l’aventure du jeune homme pour le convaincre sans avoir à palabrer longtemps. Juste avant de recevoir sa mission royale, Yann en profite même pour éviter un stupide accident de bugalet (petit navire) aux abords d’un somptueux canal de l’orangerie. Il a également l’occasion de rencontrer une courtisane, Aude de Severac, qui ne semble pas insensible aux charmes du fougueux aventurier. Mais Yann est pressé par l’importance nationale de sa mission : pour rejoindre Québec et comprendre ce qu’il s’y trame, il lui faut prioritairement hâter le gréement de la Méduse, son trois-mâts, actuellement en réfection en rade de Brest. Or, des comploteurs vont multiplier les sabotages…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un premier cycle terminé chez Repérage Dupuis… L’épervier rempile désormais sous la bannière Quadrants, avec une nouvelle Mission : intervenir au canada pour y sauver les colonies françaises. Peu de surprise quant à l’issue favorable de l’aventure, on sait d’avance que la mission sera couronnée de succès, étant donné qu’on parle aujourd’hui français à Québec. Toutefois, dans cet épisode d’exposition, l’heure n’est pas encore à l’aventure maritime. Notre héros ne vogue que de Versailles à Brest, se démenant pour palier tout un tas de sabotages, d’agressions, d’évasions, d’accidents, de guet-apens… Impeccablement rythmé et intriguant, le scénario souffre juste un chouya de la répétition de toutes ces petites contingences irritantes. Il manque encore le grand souffle épique de la grande aventure et la fureur des embruns, qui se défouleront assurément au prochain tome. En attendant, ça complote dur en cette ère de conquêtes du monde, et le perfide ennemi est évidemment britannique. En ce sens, Patrice Pellerin s’appuie sur des recherches historiques extrêmement documentée, une reconstitution exquise qui fait tout le sel de sa somptueuse série. Impeccablement assis par le contexte narratif, le resplendissant dessin ajoute encore à l’immense plaisir de constater que cette série culte et classique est solidement remise en selle. Réaliste, classique et détaillé, il semble être encore monté d’un cran dans les salons de Versailles. En vérité, des tenues élégantes de ces dames aux détails des chantiers navals, rien ne semble pouvoir arrêter Pellerin en matière graphique…
