L'histoire :
Paris, le 14 février 1667. Dans une rue passante, un mendiant éclopé et affalé contre un mur, alerte un bourgeois : une crapule est en train de lui faucher la bourse attachée à son ceinturon. Le gamin est aussitôt attrapé et neutralisé au sol. Un groupe de témoins s’affaire alors à le mener jusqu’au châtelet, pour qu’il y soit jugé et embastillé. Or, durant le trajet, ils doivent soudainement faire face à un groupe plus important de combattants ayant dégainé leurs épées. Les témoins prennent aussitôt la poudre d’escampette, abandonnant le mendiant et le gamin… qui sont père et fils, complices de cette mascarade ! Pour assister au triomphe de ce chef d’œuvre de traîtrise, il ne manque que « la marquise », la sœur de Jean (le chapardeur) et fille d’Anacréon, alias le Grand Coësre (le mendiant). Ce dernier est le roi des gueux. Il trône sur une vaste cour des miracles, dans les ruelles abandonnées et sordides de la capitale. Régulièrement, lors de grandes processions, chacun lui apporte un tribut de valeur variable, selon son bon vouloir, sur ce qu’il lui reste de son butin de chapardage. Evidemment, certains apportent plus que d’autres, et cela génère des tensions. La règle est pourtant simple : « Foutez-vous en plein la panse et le gosier, et ne conservez rien ! »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La « cour des miracles » est un « royaume » mythique de gueux, de misérables et de chapardeurs, ayant été diversement organisé sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV. Ce système fut surtout popularisé en version romantique dans le Notre Dame de Paris de Victor Hugo. Le scénariste Stéphane Piatzszeck reprend à son compte cette même vision de la mafia des pauvres, pour le premier tome de cette série post-moyenâgeuse. Nous sommes en effet officiellement déjà après la Renaissance… mais les mentalités et le décor demeurent très archaïques ! Accompagné par son joli talent de dialoguiste, Piatzszeck met donc en scène un thriller médiéval, en quelque sorte, où une autorité puissante tente d’éradiquer une vermine toute aussi puissante. Traitrises, corruption, règlements de comptes, magouilles et énergie du désespoir jonchent cette mise en place dessinée avec force détails par Julien Maffre. Le dessinateur semble en effet aussi à l’aise avec le Paris sordide du XVIIème siècle, qu’avec son précédent western Stern. Les panoramas animés, tout autant que les bas-fonds embrumés, sauront vous immerger dans une société parallèle peu enviable. A suivre dans un tome 2…