L'histoire :
Début du XIIIème siècle. Dans une bicoque, Colas, douze ans, s'amuse à poursuivre sa sœur Margotte. Il trébuche sur le pied de son père. Celui-ci entre dans une colère froide et le corrige violemment en le mettant à genoux sur les braises de l'âtre. Meurtri, Colas monte se coucher, et sa sœur vient le consoler avec quelques gâteaux. Mais suite à une nouvelle chamaillerie, Margotte se trouve balancée en contrebas dans l'enclos des porcs. Les cochons ne se font pas prier et dévorent la petite fille. Face à l'horreur de la situation, Colas fuit ses parents qui allaient le punir violemment. Il traverse la forêt sombre... et après maintes péripéties, trouve refuge dans une brasserie, au milieu d'autres enfants exploités. Un soir d'hiver, Colas a une vision : Jésus lui apparaît et lui confie une mission. Celle d'aller délivrer son tombeau à Jérusalem. Avec l'aide de son ami Camille, il réussit à convaincre les autres enfants de constituer une croisade : sans adultes, sans puissant chevalier, ils arpentent les routes, persuadés que, grâce à leurs cœurs purs, rien ne pourra leur arriver...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne présente plus Chloé Cruchaudet qui, album après album (Groenland Manhattan, Mauvais genre, La poudre d'escampette, entre autres) tisse une œuvre singulière et captivante. Avec La croisade des innocents, elle poursuit cette inlassable quête, en s'inspirant de la croisade des enfants, une expédition des croisades populaires menée au XIIIème siècle par des gens du peuple voulant partir en Terre Sainte pour délivrer Jérusalem, à l'image des croisades de chevaliers. La Croisade des Innocents est un véritable bijou, tant par le scénario irrévérencieux au possible, jetant un pavé dans la mare de la religion... que par son trait qui, derrière une délicatesse apparente, cache une incroyable noirceur. D'emblée, avec une scène bien morbide, il se dégage une atmosphère singulière qui emporte dès les premières pages pour ne plus vous lâcher. Son dessin au trait fin contrebalance avec les couleurs sombres et délavées aux tons carmin, verdâtres et grisonnantes choisies. On ressort de ce voyage étrange aux confins des croyances avec un plaisir non dissimulé et une innocence bafouée, dans un rire sardonique.
