L'histoire de la série :
Dans ce monde fantastique, lorsqu’un dragon s’installe sur un territoire, son influence maléfique s’étend sous la forme d’un voile invisible qui transforme tout être vivant en monstre hideux et écaillé. Ce phénomène, appelé le « Veill », se déclenche de manière aléatoire : il peut être immédiat ou prendre plusieurs semaines à se déclarer, selon le sujet. Seules les vierges peuvent pénétrer dans le veill sans craindre de métamorphose. Un ordre de farouches guerrières répondant à cette caractéristique indispensable a donc été créé pour lutter contre les dragons : la geste des chevaliers dragons.
L'histoire :
Akanah et Eléanor, deux guerrières de l’ordre des chevaliers dragons, chevauchent à travers le désert en parlant fringues. En vue de la forteresse assiégée par des créatures rongées par le veil, elles ne se posent guère de questions : épées à la main, elles foncent dans le tas. C’est un gros carnage, elles tranchent, pourfendent, éviscèrent… le rouge leur va si bien. Plus tard, de retour dans les quartiers d’une de leurs dirigeantes, en la cité d’Ishtar, elles se font sonner les cloches. Leur hiérarchie a eu vent des jours de fête qui ont suivi la libération de la forteresse : elles ont bu toute la réserve de vin, accepté des dons de la population et humilié le fils du seigneur local… Un comportement peu déontologique, pour des chevaliers dragons ! Aussi, leur inflige-t-elle une double punition : rendre les dons et repartir en mission. Il s’agira cette fois d’escorter un commerçant au sein d’une caravane sur la route des épices. Entre autres marchandises, un précieux antidote contre une épidémie attise en effet bien des convoitises. Akanah et Eléanor commencent leur nouveau périple par la voie des airs, à bord d’un vaisseau-montgolfière. Elles en profitent pour « sympathiser » de près avec le second du capitaine et picoler un petit peu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça fait 18 tomes qu’on vous rabache que les membres de la Geste des chevaliers dragons, cet ordre monastique de guerrières, sont vertueux, rigoureux, qu’elles mettent leur vie d’ascète en adéquation avec l’impératif de virginité qui les préserve de l’influence néfaste du veil… Il était donc temps de prendre le contrepied de ce cliché. C’est ce que propose(nt) cette fois le duo de scénaristes Ange, en mettant en scène deux guerrières tout à fait brillantes au corps à corps, parfaitement maîtres de leurs vertus dans l’intimité, mais néanmoins frivoles, vénales, adeptes du shopping et sensibles à la corruption. Hé pourquoi pas ! Pour trame centrale de ce 19ème opus, les sensuelles Akanah et Eléanor s’affranchissent donc avec talent d’une mission de protection d’un onéreux antidote et prennent du bon temps. Ange rythme impeccablement le récit, avec ce qu’il faut de combats, d’apartés calmes creusant le mythe, de tensions liées aux éventuelles traîtrises. Un regret persiste tout de même : il n’y a pas l’ombre d’un dragon ! Au dessin semi-réaliste, Patrick Boutin-Gagné montre son savoir-faire, notamment dans le choix des cadrages et le découpage. Plus contestable est son utilisation informatique du zoom et de la duplication de cases, sans correction de focales…