L'histoire de la série :
Dans ce monde fantastique, lorsqu’un dragon s’installe sur un territoire, son influence maléfique s’étend sous la forme d’un voile invisible qui transforme tout être vivant en monstre hideux et écaillé. Ce phénomène, appelé le « Veill », se déclenche de manière aléatoire : il peut être immédiat ou prendre plusieurs semaines à se déclarer, selon le sujet. Seules les vierges peuvent pénétrer dans le veill sans craindre de métamorphose. Un ordre de farouches guerrières répondant à cette caractéristique indispensable a donc été créé pour lutter contre les dragons : la geste des chevaliers dragons.
L'histoire :
L’ordre des chevaliers dragons est établi depuis des siècles. Il y a plus de 1000 ans, ses représentantes sillonnaient déjà les royaumes pour prodiguer aux paysans soins, conseils d’hygiène et leur apprendre les grandes maximes de leur morale. Mille ans plus tard, une poignée de guerrières sont en plein combat contre un dragon hideux et titanesque. A leur tête, la belle Nouri est l’une des plus courageuses. Grace à une diversion générée par les villageois, elle parvient à approcher la bête en nageant sous l’eau. Puis elle grimpe sur son dos et remonte jusqu’à la tête… et lui assène le coup d’épée fatal dans l’œil. A leur retour, la population de la cité d’Arsalam les accueille triomphalement. Mais le passage de la dépouille du dragon n’est pas le seul centre d’intérêt. Car juste après avoir terrassé le dragon, les chevaliers-dragons ont été conduites par les villageois jusqu’à l’entrée d’une grotte. Au fond de celle-ci, elles ont découvert une mystérieuse et gigantesque statue représentant une déesse. Elles ont été subjuguées par cette divinité gironde, y ont vu un signe quasi mystique et l’ont rapportée. Dès lors, toutes les femmes de la cité se mettent à lui vouer un culte, à revendiquer et militer pour une libération de la condition féminine. Les prêtres y voient un outrage à leur culte de Hâman et un danger pour leur hégémonie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La geste des chevaliers dragons est désormais une des séries d’heroïc-fantasy les plus prolifiques du 9ème art. Dans ce 16ème opus, le bi-scénariste Ange continue de décliner en aventures indépendantes un aspect de son univers aux principes décidément très riches. Cette fois, il propose de creuser les origines de cet étonnant ordre de guerrières monastiques et matriarcales… et offre en prime quelques pincées de militantisme. En effet, après avoir d’entrée de jeu combattu un colossal dragon plein d’écailles et de dents pointues – un passage obligé dans chaque épisode – nos guerrières vierges débusquent une idole de pierre et se mettent aussitôt à reconsidérer le rôle de la femme dans leur société, avec une pointe de virulence misandrine. Dès lors, pouvoir religieux et manœuvres politiques sont plutôt bien entremêlés autour de cette problématique féministe. Ces considérations composent certes le cœur du récit, mais le propos ne cherche toutefois pas à être prosélyte : on reste bien dans une fiction de divertissement. Notons au passage que cette déesse aux formes rebondies – seins et ventre proéminants – s’inspire pour beaucoup des premières sculptures préhistoriques. Après avoir déjà réalisé le tome 12, Brice Cossu met une nouvelle fois ses talentueux crayons au service de la série. Ses encrages élégants s’inscrivent à merveille dans un découpage de cases inventif et très dynamique. Si ses guerrières sont une nouvelle fois sexy, vu le propos, on réfléchira à deux fois avant de leur offrir un dernier verre à boire…