L'histoire de la série :
Dans ce monde fantastique, lorsqu’un dragon s’installe sur un territoire, son influence maléfique s’étend sous la forme d’un voile invisible qui transforme tout être vivant en monstre hideux et écaillé. Ce phénomène, appelé le « Veill », se déclenche de manière aléatoire : il peut être immédiat ou prendre plusieurs semaines à se déclarer, selon le sujet. Seules les vierges peuvent pénétrer dans le veill sans craindre de métamorphose. Un ordre de farouches guerrières répondant à cette caractéristique indispensable a donc été créé pour lutter contre les dragons : la geste des chevaliers dragons.
L'histoire :
O. est une « ombre », c’est-à-dire une tueuse, au service de l’ordre des Chevaliers Dragons de Messara. Ses récentes missions l’amènent à traquer les sectes adoratrices des dragons, des groupuscules qui organisent des messes noires pour convoquer ces monstres dentus et griffus… quasi toujours en vain. A chaque fois, le contrat de O et de ses troupes est radical : il impose l’extermination pure et simple des adorateurs. Et O fait admirablement son job : elle pourfend sans scrupule les membres de la secte et fait son rapport à Messara. De retour dans les locaux de l’université, elle rapporte ce jour-là de précieux documents récupérés au sein d’une secte à son amie Line, une jeune et jolie Chevalier infiniment plus portée sur les recherches que sur les armes. Line poursuit un but qu’elle sait proche : elle pense que l’apparition des dragons suit une mécanique logique et qu’il est donc possible de prévoir leurs apparitions. Pour parvenir à son but, elle consacre ses jours et ses nuits, sans s’accorder de moment de détente… au grand dam de O, qui lui tend des perches pour des rendez-vous galants. Puis un jour, Line aboutit. Une réunion exceptionnelle est organisée avec les membres du temple et un riche mécène, pour concrétiser sa théorie. Et c’est alors que son monde bascule…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l’on se réfère à la fresque chronologique systématiquement située dans les dernières pages de garde de chacun des volumes de la Geste, ce 27ème opus se situe… tout à la fin. Et pour cause, le titre est un indice : le Draconomicon (soit un grimoire façon Nécronomicon, mais qui s’intéresse aux dragons et non aux morts), à la rédaction duquel on assiste, est défini comme l’ouvrage de référence dans cette « science ». Et ses équations, fruits de recherches longues et poussées, permettent de calculer relativement précisément l’apparition des dragons. Donc d’éviter les massacres civils, l’influence néfaste du Veill, les combats terrifiants entre petites factions de Chevaliers Dragons et une bête démentielle… Mais alors, de limiter donc grandement, à l’avenir, le potentiel homérique de la saga !? Ouf, non. Car heureusement, les scénaristes Ange nous délivrent les épisodes selon un savant mélange chronologique. Ainsi, d’autres histoires à venir pourront fort bien se situer en amont de cette frise temporelle, en creusant tel ou tel aspect, sans que ça nuise à son attrait ou sa cohérence d’ensemble. Mais revenons à l’épisode en question, qui trouve encore un biais original pour creuser la Geste et satisfaire les fans. Primo, pour la première fois, l’héroïne au centre de l’intrigue n’est ni une combattante, ni une intrigante, mais une intellectuelle. Et néanmoins, les rivalités et tensions sont fortes, des scènes d’actions permettent de faire couler l’hémoglobine et les dragons sont majestueux. Le sujet a visiblement inspiré le canadien Patrick Boutin-Gagné, qui nous gratifie d’un dessin inspiré au sein d’un découpage dynamique. Les séquences muettes nous plongent admirablement dans ce prégnant univers d’heroïc-fantasy. Deuxio, l’univers a beau être fantastique, il aborde une fois encore un mécanisme politique qui peut faire sens dans tout type de civilisation : le complot d’Etat. Mais chutttt…. il ne faut trop point en dire, sous peine de s’attirer de grooos ennuis.