L'histoire :
À la kermesse de fin d’année, une mère apprend avec stupeur que sa fille Anaïs, en grande section, a rencontré des difficultés scolaires. Selon la maîtresse, elle est toujours dans les nuages, n’écoute pas, peine à suivre et ne joue pas avec les autres. Le CP risque d’être compliqué. Décontenancée, la mère regrette qu’on ne l’ait pas prévenue plus tôt. La maîtresse évoque la récente séparation parentale comme une cause possible, tout en reprochant à Anaïs de ne pas faire d’effort pour s’adapter. Troublée, la mère rentre chez elle et tente d’en savoir plus. Elle prend la température en lui posant quelques questions. Elle évoque simplement des camarades qui l’embêtent, mais lorsqu’on lui demande comment elle réagit, elle répond qu’elle s’éloigne. Cette attitude inquiète sa mère : pourquoi ne se défend-elle pas ? Pourquoi ne cherche-t-elle pas d’aide ? L’angoisse la submerge et la renvoie à ses souvenirs, des premières échographies aux promesses maternelles de toujours la protéger. Le lendemain, une discussion avec sa propre mère s’engage. Et si Anaïs avançait simplement à son propre rythme ? Peut-être que ce décalage, pointé du doigt par l’école, cache autre chose qu’un simple manque d’attention…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le diagnostic du Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est souvent un parcours du combattant, et c’est précisément ce que raconte La tête dans les nuages. À travers l’histoire d’Anaïs et de sa maman, Céline Bailleux (cette histoire, c'est la sienne !) illustre avec justesse et émotion le quotidien des familles confrontées à ce trouble méconnu. Entre les incompréhensions scolaires, le poids de la culpabilité maternel et la difficulté d’accès aux spécialistes, l’album met en lumière la réalité quotidienne du TDAH : une attention volatile, une concentration en dents de scie, des devoirs interminables, une émotivité exacerbée… Chaque apprentissage devient un défi, nécessitant des aménagements spécifiques : quarts temps supplémentaires pour les évaluations, polycopiés adaptés, allègement des devoirs, soutien d’une AESH en maths et en français, placement systématique au premier rang pour limiter les distractions... Autant de dispositifs qui, lorsqu’ils sont mis en place, facilitent la scolarité des enfants atteints de TDAH mais demandent un engagement fort de l’institution scolaire, souvent démunie face à ces besoins. L’approche graphique, légère et expressive, rappelle le style de Margaux Motin, avec un trait vif et des couleurs douces, ce qui allège le propos sans le minimiser. L’humour omniprésent rend la lecture accessible et engageante malgré les enjeux parfois lourds. La tête dans les nuages ne se contente pas d’être un témoignage. C’est un véritable éclairage sur les défis du TDAH et sur la nécessité d’une prise de conscience collective. Un ouvrage essentiel, aussi touchant qu’instructif.
