L'histoire :
XIIe siècle en Terre Sainte. Les hommes de Jacques de Morbreuck ont échoué dans leur tentative d’assassinat. Guillaume, archevêque de Tyr, et Baudouin, roi de Jérusalem, sont en effet toujours vivants. Mais pourquoi cherche-t-on à les tuer ? S’engage alors une lutte féroce entre le grand maître de l’Ordre militaire des Templiers, Eudes de Saint Amand, Saladin, l’unificateur des tribus arabes, et enfin Guillaume accompagné de Baudouin. Ce bras de fer est lié à la recherche du cinquième évangile, document très précieux puisqu’il renfermerait un terrible secret à propos du Christ. Cet évangile est un document apocryphe : n’étant pas inspiré par Dieu, son authenticité n’est pas établie et par conséquent, il n’est pas reconnu par l’Eglise. La découverte de l’identité de son auteur pourrait à elle seule renverser le Vatican et son contenu pourrait ébranler la foi des chrétiens d’Occident, permettant ainsi à Saladin de reprendre Jérusalem, véritable objectif du chef musulman. A cette trame principale se superpose le récit étrange de l’enlèvement de treize jeunes filles musulmanes, liées de près ou de loin à la recherche de cet évangile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la lignée des séries mêlant histoire, mysticisme et suspens (Le Décalogue, Le Triangle secret…), Jean-Luc Istin et Timothée Montaigne reviennent avec le second tome du Cinquième évangile. L’album était attendu, si l’on se souvient du talent et de l’ambition affichés dans le premier tome, La main de Fatima. La qualité de cet album est à la hauteur des attentes suscitées. Si la première partie apportait davantage de questions que de réponses, nourrissant ainsi notre frustration, il en est tout autrement ici et notre soif de révélations se trouve étanchée. En effet, le scénariste distille au compte-gouttes les premières réponses d’un suspens savamment entretenu : le lecteur ne sait toujours pas ce que contient le 5ème évangile mais il connaît désormais l’identité de son auteur et cette seule révélation (fracassante) suffira à le faire patienter jusqu’au prochain tome. La nature des liens inconscients qui unissent Saladin aux croisés se précise et le mystère entourant l’enlèvement des musulmanes est levé. Dans un complexe jeu d’alliances et de contre alliances, les amis naturels se révèleront en fait les pires opposants. Sur fond de rivalités entre croisés et arabo-musulmans pour la conquête de la Terre Sainte, la narration offre un rythme quasi parfait, alternant dialogues, flashbacks, récits anecdotiques et scènes plus violentes. Le tout est habilement dosé et la chimie opère. La complexité du scénario (il faut tout de même être assez attentif) est servie par un trait sobre teinté de couleurs chaudes, restituant parfaitement l’atmosphère barbare, voire fanatique, de l’époque des guerres saintes. Les révélations auxquelles s’ajoutent des scènes finales magistrales annoncent une suite de haut niveau. Bref, la série prend son rythme de croisière, on se régale et on en redemande…