L'histoire :
Le monde est en errance climatique suite à de nombreuses pollutions, déforestations et virus. Dans ce paysage post-apocalyptique, une fabrique de médicaments, Peninsula Corp, basée au Havre, tourne à plein régime. Une boîte de médocs au marché noir vaut plusieurs kilos d’or brut. L’usine est sous haute surveillance, avec des gros bras à l’intelligence limitée à chaque porte. Le business est lucratif mais au vu de la valeur de la cargaison et du nombre de pirates se multipliant sur les mers, la seule façon de livrer les grandes villes doit se faire par voie terrestre. Alex, une jolie guerrière un tantinet sur les nerfs, se présente à la porte. Le PDG de Peninsula Corp veut la voir. Il y a un convoi qui part du Havre jusqu’à Marseille et elle doit le piloter. Alors que les deux gardes qui se sont montrés vulgaires envers la jeune femme ramassent leurs dents, elle se présente avec Fonzy et un pingouin devant Nicolas, le PDG. Le deal est simple : elle conduit le convoi ou rejoint le dernier gaillard qui a refusé sa proposition, c’est-à-dire crucifié sur une croix dans la cour de l’usine. L’analyse des risques est rapide mais pas si évidente. Soit elle meurt maintenant, soit elle a 95% de chances de mourir durant le trajet.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Soyons clairs. Si les dialogues lourds et vulgaires, ainsi que la violence gratuite, vous donnent des nausées, laissez passer le train, cet album n’est pas fait pour vous. Pour les autres, entrez et fermez la porte. Les auteurs Kevan Stevens au scénario et Jef au dessin se lâchent et partent parfois dans tous les sens. Ce n’est pas le pingouin philosophe, compagnon d’Alex qui dira le contraire. Entre deux bourre-pifs et des grands coups de lattes, le scénario est plutôt simple. Jugez-en par le pitch : il s'agit de livrer des médocs du Havre jusqu’à Marseille, au nez et à la barbe des truands et bandits de grands chemins. Le personnage d’Alex est étonnant. Elle est une jolie poupée avec un esprit légèrement garçon manqué, à l’aise avec les techniques de combats comme le Krav-Maga. D’ailleurs, son compagnon de route, Jean Pascal de Parnicieux, dit Fonzy, ramasse parfois quelques enchaînements par surprise, juste pour la beauté du sport. L’équipe d’Alex est aussi drôle. Avec Francky, hétéro-binaire-cisgenre qui se balade avec une sulfateuse M61 Vulcan au doux nom de « Myrtille » ou encore Jean-Michelle Jaquesson alias Jihem, un transgenre sous hormones dont les armes sont une boule de Geisha king size en acier de Tanzanie et un fouet Shawa. Sans oublier les frères Bogdonaff. Le récit est clairement complétement barré et loufoque, mais cela fonctionne. Les auteurs réussissent, sans prendre d’ecsta, à nous embarquer avec eux dans un délire organisé et foncièrement drôle. Sur le plan visuel, Jef plonge le lecteur dans un monde apocalyptique sans foi ni loi. Le dessin est réaliste, tirant sur le caricatural parfois, en forçant quelque peu les expressions faciales. Ainsi, les auteurs nous offrent un road rage version Mad Max violent, sanguinolent, drôle et philosophique. Foi de pingouin.
