L'histoire :
Depuis le Ragnarök, le peuple des Elfes (Elfheim) est en sursis. Sursis qui risquerait de prendre fin si les porteurs d’hivers venaient à se manifester. Le chaos ne tarderait pas alors à faire disparaitre Elfheim et Manheim (Terre des Hommes). C’est pourquoi il est primordial pour les Elfes de prêter attention aux deux enfants qui leur ont été confiés : Lif et Liftrasir qui portent, sans le savoir encore, le feu du puissant Odin. Ils restent les seuls espoirs pour que l’équilibre soit définitivement rétabli. D’autant que les Elfes ne pensent pas si bien dire, puisque Le Grand Hiver semble aux portes du Manheim. En particulier, en terre de l’Empire romain d’Orient, où le Centurion Phocas est sur le point d’en faire la triste expérience. Ainsi, poursuivant avec ses hommes une bande de pillards Varègues qui avaient dérobés du grain, il découvre les fugitifs affreusement mutilés sans en comprendre la raison. Il confie alors à quelques soldats la mission de découvrir ce qui a bien pu arriver en interrogeant les éventuels survivants qui se sont échappés. Seul un des soldats revient quelques jours plus tard, effrayé et en bien étrange compagnie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec un titre aussi explicite et un 6éme tome mettant en scène le fameux Ragnarök, si minutieusement préparé 5 opus durant, on aurait pu légitimement imaginer faire nos adieux à la série… Pourtant, notre tandem de compères prolonge la veillée pour un second cycle prenant pieds près de 200 ans plus tard et ne se privant pas de mêler action, mythologie nordique et Histoire. Cette fois Wotan – ou Odin – et sa joyeuse bande agiront dans l’ombre pour éviter de perdre définitivement la partie (z’ont quand même pris cher lors du précédent chapitre…). Et c’est plutôt du côté de deux gamins (descendants lointains de Siegfried et Kriemhielde) pour l’heure confiés aux Elfes, d’une sorcière sympathique (en possession de la fameuse épée Nothung avec laquelle Siegfried tua Fafner) et d’un Centurion de l’Empire romain d’Orient qu’il faudra regarder pour se gaver d’action. Centrée sur l’imminence d’un Grand Hiver – incontournable métaphore de la mythologie propre à l’heroïc-fantasy – risquant de confier la terre des hommes au chaos, ce cycle débute gentiment. Le scénario met ainsi les balises en place, présente les protagonistes, entrelace joliment leurs intérêts avec pour idée centrale que s’ils n’agissent pas rapidement, cela risque de tourner vinaigre rapidos. Très astucieusement, Nicolas Jarry réutilise le découpage dynamique qui a rythmé le précédent cycle : on passe rapidement d’un protagoniste à l’autre en suivant les récits parallèles de leurs péripéties. Seul bémol : l’absence de la moindre transition avec le précédent cycle – sans les explications liées à la mythologie scandinave qui vont avec. Ce choix permet au moins de pouvoir lire ces nouvelles aventures indépendamment du cycle précédent. Djief livre quant à lui une partie graphique de très bonne tenue, content de renouveler sa belle galerie de personnages tout en restant parfaitement fidèle à la veine des 6 opus précédents. Avec peut-être un petit plus dans le détail de la mise en scène. Bref, un nouveau départ plutôt réussi...