L'histoire :
Il s’en est fallu de peu pour qu’Yngwild ne soit vaincue par la horde de combattants « corrompus ». Sans l’intervention du magicien Osmund et la vaillance de son compagnon Bjarnulf, l’épée de Siegfried serait tombée entre de mauvaises mains. Et surtout, l’espoir qu’elle soit un jour manipulée par un descendant d’Odin, un Völsung, à jamais anéanti. Cependant, pour qu’il livre la bataille, Yngwild a dû libérer l’Esprit Ours qui habite son ami et en fait un véritable démon, un Uflhednar. Aussi, sur les conseils d’Osmund, décide-t-elle de rallier le domaine des Nornes, des prêtresses qui peuvent libérer Bjarnulf de ce terrible enchantement. Et qui pourraient bien également orienter les projets d’Yngwild. En particulier pour ce qui est de savoir où aller déposer l’épée. De leur côté, le roi Elfe Iduril et sa puissante magicienne Ewir décident de quitter leur royaume pour assurer la protection de leur deux pupilles, Lif et Lifthrasir, qui descendent d’Odin. Car outre l’arrivée des Winterdrags aux abords du royaume, les enfants ont dû échapper à plusieurs tentatives d’assassinats. Mais où pourraient-ils réellement se trouver en sécurité ? Pendant ce temps, le Centurion Phocas, en disgrâce de l’Empereur de Constantinople, rejoint sa nouvelle affectation pour de nouvelles douloureuses découvertes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une fois encore au rythme de plusieurs récits parallèles – entrelacés avec plus ou moins d’habilité – que Nicolas Jarry confie la trame de ce nouvel épisode. En jeu : la préservation des Neuf Mondes, dont la stabilité, jadis assurée par l’arbre Ygdrasil, véritable pilier des univers, est lourdement menacée depuis qu’a eu lieu le douloureux Ragnarök (deux siècles auparavant). Fimbulvetr ou Grand hiver pointe en effet à nouveau le bout de son museau congelé, accompagné de sa horde de représentants peu engageants et prêts à semer le chaos au Mannheim, la terre des Hommes. Reste néanmoins l’espoir. Celui justement mis en scène par ce découpage fragmenté en 3 mouvements et qui fait s’animer : Yngwild d’un côté, le roi Elfe Iduril et sa magicienne d’un autre, et enfin le Centurion Phocas, rejeton courageux de l’Empire romain d’Orient. Tous, et pour des raisons aussi complémentaires que différentes (l’épée de Siegfried, la protection de descendants d’Odin, l’appui de l’Empire romain) ont leur rôle à jouer dans la conservation du précieux équilibre et pour faire échouer tout basculement. Tous sont observés dans l’ombre par Odin qui n’intervient plus directement pour tenter d’infléchir leurs destinées mais qui tente au moins d’assurer leur protection… Plutôt maîtrisé, l’exercice garde sa force divertissante, en particulier pour les amateurs de la série. Intelligemment, le scénario cisèle les rebondissements, use de la machinerie mythologie-celtique avec panache (mais avec le défaut de s’adresser surtout à des connaisseurs) et parsème régulièrement sa trame d’action. Surtout, il s’attache les services d’un panel de protagonistes aux contours à la fois attachants et intrigants. Les seuls défauts résident dans une absence manifeste d’originalité et une avancée dans « l’intrigue » de fond à petits pas (on en est toujours un peu au même endroit que dans le tome précédent). Bref, pas de quoi révolutionner le genre ou la série, mais pas de quoi bouder son plaisir non plus, notamment en raison d'un dessin toujours aussi bien balancé.