L'histoire :
Pour tenter d’éradiquer le Feul, une terrible maladie qui décime leur peuple, les Oldis se sont alliés avec la race des Bourouwns. Faisant fi de leurs différences, ils montent une expédition dans le but de trouver l’origine de la maladie. Leur programme consiste à remonter la rivière, qui leur semble être le vecteur du fléau. Chemin faisant, ils doivent supporter des coutumes réciproques rebutantes : d’un côté les athées Valag et mère Valnes, un couple d’Oldis, copulent sans gêne ; de l’autre, les Bourouwns prient leur dieu toutes les 5 minutes. Bientôt, leur groupe est rejoint par un couple d’individus issus d’une autre peuplade, elle aussi touchée par la maladie, des Albinths. Les mœurs de ces derniers sont encore plus choquants : les femmes sont esclaves de leurs époux, jusqu’à accepter de se sacrifier à leur mort ! Valnes s’emporte à maintes reprises contre leurs nombreux comportements machistes… mais elle est à chaque fois tempérée par la sagesse de Kaliam, le petit chef des Bourouwns. Ils atteignent finalement un village Baudhel, harcelé par les redoutables guerriers Brohms. Les membres de l’expédition interviennent alors en tuant les Brohms présents. Le répit est momentané, car les autres Brohms ne manqueront pas de venger leurs frères. Les Baudhel refusent néanmoins de quitter leur village : leur coutume à eux, les oblige à rester attachés à la terre de leurs ancêtres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A chaque épisode, de nouvelles peuplades et des coutumes choquantes… A chaque épisode les héros s’étoffent d’une race a priori antagoniste, et prennent sur eux pour accepter les différences de l’autre, quand bien même ces dernières s’avèrent révoltantes. L’union de ces points de vue divergents permettra-t-elle d’éradiquer un fléau commun à tous ? Si le Feul est une fiction imaginaire, le sujet a pourtant toujours été d’actualité, si on le compare, par exemple aujourd’hui, aux enjeux environnementaux planétaires… A cette jolie leçon de tolérance et de bon sens, le scénariste Jean-Charles Gaudin n’oublie pas l’aventure. Son monde fantastique et son bestiaire bigarré se révèlent un terrain propice aux rebondissements et aux coups de théâtre (cf. le sort de Valag). Toutefois, contrairement à bien des albums d’heroïc-fantasy-de-chez-Soleil, il n’y a pas d’élu, de prophétie… ni même d’humour. Le ton est ici très sérieux et c’est tant mieux ! Car on se pique réellement à cette quête pleine de sens et d’humanité, grâce notamment au dessin ultra-réaliste et rigoureux de Frédéric Peynet. Une fois de plus, ses encrages de toute beauté sont fins et minutieux, dans un univers visuel riche en détails. Certaines séquences fonctionnent à merveille (l’attaque du monstre, la confrontation du ruisseau avec le Brohm…). Seule peut-être sa colorisation, étouffant parfois le trait d’une surcharge de tonalités ocres-verts (cf planche 34), pourrait encore être améliorée. Une aventure séduisante, à découvrir, qui trouvera sa conclusion au prochain tome…