L'histoire :
La guerre entre Romains et Huns appartient désormais au passé. Tout Rome est en liesse et banquette joyeusement. Contemplant ce spectacle pathétique par l’intermédiaire du circuit de surveillance impérial, Mars ironise sur le peu de mémoire des hommes. Vénus, elle, n’a qu’une idée en tête : débusquer Saturne et le mettre hors d’état de nuire avant qu’il ne détruise l’Orbis. Apparaît alors Mercure, le messager des dieux, qui les mène sur la planète éponyme de la déesse, où Ebarse, le fidèle guerrier, les attend. Car Ebarse n’est autre que Saturne, le maître du temps et père du chaos présent. Depuis les débuts, il veille et voulut qu’Attila et Flavia grandissent parmi les mortels, causent la chute de l’Empire et regagnent ainsi leur place au panthéon. Tout affrontement serait stérile. Alors qu’à tout moment il aurait pu débrancher leurs corps et donc les tuer, Saturne ne l’a point souhaité trop fier de sa terrible engeance. Tout affrontement serait inutile puisque son corps ne repose pas sur l’Olympus, à l’instar de ses congénères, mais sur une station dissimulée ailleurs dans l’univers. Saturne se sait invincible et le combat titanesque qui s’engage n’apportera que malheurs et destructions nouvelles à une humanité sur la sellette…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Exit, le titre latin n’est pas innocent. Après 4 tomes directement inspirés de l’affrontement entre Rome et les Huns (au Ve siècle) et un précédent ayant pris une tournure divine, Valérie Mangin et Aleksa Gajic concluent leur space opéra en apothéose par un, donc, 6e et ultime album. Un album qui réserve encore bien des surprises et se termine par un paradoxe temporel. La boucle est bouclée, renouant avec la trame historique (et éditoriale : le Dernier troyen) connue. Six tomes et un paradoxe temporel ? Un clin d’œil appuyé au final d’UW1 réalisé par Denis Bajram, conjoint de la belle, sortit cet été de même, sous la nouvelle bannière « Quadrant Solaire ». Le mariage de la SF et de l’Antiquité aura été fécond. L’inconvénient avec les dieux, c’est que ces supers héros ne sont limités par rien (ou presque) et peuvent ainsi tout se permettre sans n’avoir à justifier de rien. Alors qu’Eric Shanower (l’Age de Bronze, le récit de la guerre de Troie) a choisi sciemment de les tenir à l’écart, Valérie Mangin joue elle avec un panthéon anthropisé, omnipotent et destructeur. Du coup, la rigueur « historique » en prend un coup, le scénario perd en véracité mais gagne en liberté. Et hormis quelques maladresses dans le détail (pl.2, dernière vignette : le dessin seul suffit à expliciter la téléportation de Mars, le texte redondant pourrait apporter plus de substance comme pl.15), l’ampleur de la tâche est parfaitement maîtrisée. Quid du dessin d’Aleksa Gajic ? Dans la lignée des précédents de déjà (très) haute facture : de toute beauté ! Son crayonné fin et racé, sublimé par des couleurs « sidérales » (déclinées et nuancées selon les planches), livre de pleines pages (d’où l’absence de numérotation) toutes en puissance et en majesté. L’artiste s’éclate (à l’image du trip halluciné des pl.34-35 où les distorsions graphiques le disputent aux contorsions du lecteur) et donne la pleine mesure de son talent : immense… Conclure n’est jamais chose aisée, de surcroît en beauté. Le Fléau des dieux se positionne comme une série Référence, adaptation audacieuse et novatrice ayant donné naissance aux Chroniques de l’Antiquité galactique, servie par un visuel hors pair.