L'histoire :
La cité Ti-Bariah du roi hérétique Azolah est en flammes. Ce dernier a été vaincu par l’armée de l’Ouest menée par Skell, la meilleure exécutrice du dieu Steh-Vah, et exécuté publiquement. Son crime a été d’avoir renié le Dieu en refusant sa part divine, le parasite appendice arboré par tous les baptisés. Il avait offert pour cela à son peuple une drogue qui, prise quotidiennement, annihilait la dépendance au parasite, qui permettait au dieu Steh-Vah de communiquer avec tous ses fidèles et de les commander. Sa mission remplie, Skell ramène à la cité sainte de Ti-Steh-Vah le coffre interdit récupéré dans le palais du roi Azolah. Elle espère être de retour pour le Gobah-Digah, une grande cérémonie de communion et de purification avec le Dieu. Sur le chemin, elle n’oublie pas de passer par le chantier de la sainte porte, lieu de destination des hérétiques faits prisonniers, et de saluer maître Dor Achem, son maître d’armes. Skell est une fervente parmi les ferventes. Elle ne comprend pas comment les hérétiques peuvent renier le Dieu. De retour dans sa cité, elle se rend au vivarium afin de remettre à la gardienne des parts du Dieu celles recueillies. Mais la sainte femme a un bien curieux présent à lui remettre, un cadeau expédié par le roi Azolah avant son départ en croisade. La curiosité prenant le pas, elle découvre stupéfaite dans la boîte une icône la représentant, lors de l’exécution, en train d’arracher le parasite de la tête du roi Azolah. Elle se remémore alors les paroles de ce dernier à ce moment : « Skell, je t’attendais… Je ne regrette rien… C’est écrit dans les desseins des prophéties… ». C’est alors que le doute s’installe chez la jeune prêtresse-soldat, et que les questions se pressent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de ce diptyque ne laisse que peu de répit. On entre immédiatement dans le cœur du sujet avec la cité du roi hérétique en flammes et son exécution aussitôt après. Le récit scénarisé par Valérie Mangin est extrêmement bien équilibré, alternant intelligemment les scènes d’actions et celles d’explications. La mise en place des personnages et des décors est rapide et efficace. En une dizaine de pages, le décor est planté, l’ambiance nous imprègne, et on se laisse porter par l’histoire. La scénariste n’oublie pas d’égratigner au passage un l'aveuglement et l'extrémisme religieux dirigé par des groupes élitistes avides de pouvoir et de domination. Quand au concept du parasite, certes, ce n’est pas une nouveauté en SF, quelque soit le domaine (jeu vidéo Halo, le xénomorphe dans Alien, la série des Stargate, Frisson et Existenz de Cronenberg…). Mais Mangin sème de nombreux indices sans dévoiler pour autant l’origine du parasite, encore que les dernières pages nous indiquent le chemin tout en attisant fortement notre curiosité. Et le fait que Skell passe de l’état de symbole / modèle à celui de rebelle / paria accentue notre impatience à découvrir la seconde partie de ce diptyque. Le dessin de Stéphane Servain, qui se faisait rare ces derniers temps (L’Esprit de Warren, L’Histoire de Siloë, Le Traque mémoire), se marie parfaitement au scénario, mettant en exergue non seulement les scènes d’actions, mais aussi celles de réflexion, de doute. On retrouve avec plaisir ce dessinateur au trait fin et agréable. Ce premier opus est une bonne surprise, en espérant que le postlude égale le prélude…