L'histoire :
Rodéric est un enfant de 9 ans qui vit une vie tranquille avec ses parents et ses deux sœurs, dans un pavillon de province. Certes, son père est un peu sévère, imposant à la famille un mode de vie austère à l'écart des distractions que ses copains apprécient. Pas de friandises, pas de films américains, pas de vêtements sympas, rien de ce que le chef de famille réprouve dans la société moderne. Mais sa maman est adorable, toujours occupée par les affaires domestiques qu'elle assure en plus de son métier d’institutrice. Les repas du soir sont parfaits, complets et soignés, réalisés exclusivement par une femme dont le mari est toujours occupé par son travail, ou à lire livre sur livre, à écrire des articles dont Rodéric ne comprend pas le but. Mais un soir, c'est un vague plat de pâtes qui attend la famille sur la table. Claudette n'en peut plus, elle va se coucher. Le lendemain matin, lorsque le docteur passe voir la mère de famille, il lui impose un suivi cardiaque, une machine qui va enregistrer les battements de son cœur pendant une journée complète. En prenant part aux tâches ménagères, le jeune garçon va alors réaliser à quel point sa maman est en quelque sorte l'esclave de toute la famille. Et découvrir qu'il est le seul à n'avoir pas réalisé qu'elle s'était mise à boire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Évidemment, le sujet n'est pas simple, voire potentiellement rebutant si le pitch de l'album est trop réducteur. Certes, le jeune gamin devenu adulte raconte son enfance auprès d'une maman qui sombre littéralement dans l'alcoolisme, et toute sa famille qui s'en trouve dévastée. Mais Rodéric Valambois le fait avec un vrai talent de chroniqueur, qui observe aussi bien ses propres réactions que la chute de celle qu'il a adorée. Découpé en petites séquences quotidiennes très justes, l'album se déroule sans misérabilisme ni faux apitoiement, ne cherchant jamais à délivrer de leçon. L'auteur est très humble devant sa propre expérience. La retenue qui traverse son récit lui confère un remarquable équilibre littéraire. Le format du roman graphique en noir et blanc est tout ce qu'il y a de plus actuel, le style semi-réaliste n’accentuant jamais inutilement les effets narratifs. Quelques passages sont tout simplement poignants, témoignant d'une vraie maîtrise technique, jamais débordée par les sentiments du narrateur. Mal de Mère est un véritable témoignage, simple et touchant, direct et sincère. Un travail original qui trouve un format parfait dans la collection Quadrants.
