L'histoire :
Marseille, janvier 1950. Séraphin Carpita, instituteur, membre du parti communiste, filme les grèves des dockers sur le premier port de France. De l’immobilisation du paquebot Le Pasteur, à la répression policière des manifestations sur la Canebière, il essaie de ne rien perdre de la lutte. Un an plus tard, son film militant accompagne un meeting du député communiste de la ville et directeur politique de La Marseillaise, François Billoux. Le succès est au rendez-vous. Dès lors, Paul, de son prénom de résistant, enchaîne les films. Du festival de la jeunesse pour la paix au printemps 1951, où il rencontrera celle qui deviendra sa femme, Maguy, il tirera Je suis née à Berlin. Son rêve se réalise au moment où le Parti accède à sa demande d’aide pour réaliser un grand film avec des comédiens, Le Printemps des Quais. Il se heurte alors à toutes sortes de murs, qu’il contournera avec la foi militante chevillée au corps, malgré la cruelle désillusion du printemps de Prague...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà une belle BD militante, sur un militant qui fait des films militants, limite propagande. Ceci dit en schématisant. Séraphin Carpita est un grand monsieur, avec des idéaux d’égalité et de fraternité, qui a fait de sa passion un outil au service de ses idéaux. Ce biopic retrace sa vie, ses luttes, son amour avec Maguy, ses doutes aussi face à un appareil qu’il sent déconnecté de sa base et de ses rêves. C’est aussi une BD qui montre bien comment Marseille et son port ne font qu’un, les soubresauts de l’un faisant trembler l’autre. Ainsi, le père de Séraphin, ouvrier, attend penché à son balcon un soir d’élections la victoire du Front Populaire sans écouter la radio. D’un coup, les sirènes hurlantes de tous les bateaux du port se mettent à hurler, déchirant le soir, faisant trembler les murs de la ville. « On a gagné Séraphin ! Les ouvriers ont gagné ! ». Pascal Génot et Olivier Pradelle touchent juste. Le scénar et les dialogues sont fins, bien menés, pas verbeux. C’est une œuvre émouvante et importante. Olivier Thomas aime décidément dessiner la mer, même si on se perd quelquefois dans son trait un peu trop subtil. Il a l’œil toutefois pour restituer une Marseille qui a finalement si peu changé en 50 ans. Et on se prend à imaginer une adaptation ciné de Guédiaguian, avec Darroussin en Séraphin et Ascaride en Maguy…