L'histoire :
En route pour les Caraïbes, afin de s’acquitter de la dette contractée auprès de Dame Eloam (voir le tome 8), le Capitaine Hannibal Meriadec doit, sur le Mac Lir, faire face à un nouveau défi : trouver qui est coupable des assassinats particulièrement effroyables de trois de ses marins. Aussi, tandis que les corps sont confiés au médecin de bord (qui est en fait un espion du Pape Clément IX) pour autopsies, le Capitaine interroge ceux qui ont côtoyé les victimes juste avant leur assassinat. Bientôt, il apparaît que Ferran, l’un des 3 « écorchés », avait eu une vive altercation avec un certain Teach. Pourtant, la scène de crime ne laisse pas de doute : il ne s’agit pas d’une dispute qui a mal tourné, mais plutôt de crimes millimétrés pour faire peur à l’équipage entier. Mais qui et pourquoi ? D’autant que pour avoir réussi à suspendre en haut des cordages 3 solides gaillards au milieu d’une foule de marins sans être vu, il faut manier les tours de force ou de passe-passe avec génie. A moins d'être Satan en personne, il est impossible d’avoir pu réussir cette mise en scène sans complicité. En attendant, pour l’équipage, le coupable est tout désigné : Teach qui campé à la barre du Mac Lir pourrait bien voir sa dernière heure sonner...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le moins que l’on puisse dire – sans que ce soit d’ailleurs vraiment une surprise – c’est que Jean-Luc Istin manie son art avec brio. La preuve avec cette 9ème crapahute sur le pont du Mac Lir, en compagnie de son fameux Capitaine et son équipage de 300 boucaniers. Le temps d’un épisode, tous sont parfaitement présumés coupables d’une série de crimes tutoyant l’horreur et l’effroi… Car si la promesse d’un nouveau cycle d’aventures, entamé avec le précédent tome, est toujours d’actualité, emmenant Meriadec vers le Nouveau Monde s’acquitter d’une vieille dette, le scénario s’offre une temporisation on ne peut plus habile, parfaitement huilée et diablement (c’est le mot !) captivante : 46 pages d’enquête pour comprendre qui et comment plus de neuf membres d’équipage sont passés de vie à trépas dans des circonstances aussi abominables que mystérieuses. Ambiance tendue, brouillard et épais embruns, atmosphère cauchemardesque ou petit détour dans le passé de notre pirate-sorcier préféré, offrent un récit s’inscrivant impeccablement dans le moule de la série, sans pour autant jouer une partition précédemment utilisée. Mieux encore : Istin trouve le moyen de nous agripper à la barbe de Meriadec via une incroyable révélation issue de son passé et un cliffhanger coupeur de souffle comme pas deux. Bref, on n’avance pas d’un pouce pour ce qui est de la trame principale de ce nouveau cycle de péripéties, mais on est diverti aux petits oignons. De quoi confirmer, si besoin, l’excellente tenue de la série. D’autant que l’ensemble est cette fois parfaitement mis en musique par le travail de Stéphane Créty, qui s’applique à fignoler ses cadrages, à donner du mouvement et commence réellement à s’approprier cet univers d’océan et de flibustiers.